vendredi 25 mars 2022

Les taches de sperme sur les draps, à 13 ans

ma mère aurait dû affirmer que j’étais un poète du monde
Elle ne l’a jamais fait
Et même a opposé à l’énonciation de cette aptitude à le décrire
Et d’y correspondre dans les interstices de mes mots
où se retrouve le soulèvement de nos émotions
si vitales, si vitalement stimulantes
si rafraîchissantes
alors que leur puissance affective
répond (de près) au chant de l’oiseau
qui ne signifie rien que d’être joyeux.

Le poète élimine le doute, certifie l’amour
qui a été égaré dans les méandres
méandres de l’obtus bureaucratique
qui pèse sur ce monde de ses chaînes absconses
débilitantes et idiotes

Le poème montre un chemin de soleil
parfaitement conscient de l’abandon
des chienlits indispensable
parfaitement conscient de la lourdeur qui
engangue le cœur de ses semblables
Il n’est que l’instrument des gens
dans leur demande de percevoir
une autre couleur
de leur horizon enclose dans leurs morbidités

Ma mère n’a pas entrevu la destiné
à laquelle je suis destiné et l’a
gommé de son esprit malade
pour en refuser une guérison
personnelle, à elle, à la sienne de mère :
Œdipe se niche jusque dans l’autorisé.
Pauvre femme : elle désirait la normalité
Celle qui désire en rien rien bouger et contribue
à ce seul fait que nous ne dussions ne pas pouvoir bouger.
Ma mère n’aimait pas que je la dérange
Que je bouscule les quilles de ses certitudes
du boutoir de ma formidable poésie
le jeu de la vie en vie !

Au plus haut point, ce que déteste ce monde
arachné de triques morales désuètes
(oui : qui abhorre les résulats liés aux
organes aphrodisiaques) c’est la liberté
du volubile plaisir de vivre
consécutif à l’usage libre et effréné
(ce qui lui correspond en rien)
de la sexualité. Ma mère a cherché
obstinément
à me soustraire de cette forme
concurrente à la perte de votre conscience
– la poésie en est un indice évocatoire –
où l’absorption du moment subtile de
l’univers, du seul fait que vous y correspondiez
totalement
vous submerge.

Ce que ma mère ne voulait pas que j’exprime
est cet *instant*
de nous
humains jouissifs du moment du temps
ensemble, co-participatifs, collaboratifs
et – fondamentalement – emphatiques.
Ma mère ne pouvait
tolérer que je m’identifie à autre qu’elle
J’étais pour elle; la source de tous les plaisirs  
quand l’Œdipe lui falsifiait l’entendement
Hélas, le poète n’est pas une naturalité : il
est un forçage de l’entendement dans un contexte
auquel s’ajoute cette sensation d’une universalité
de son vécu... et il est ce qu’il doit être
Je suis ce que je dois être :
dispensant le bon, le juste, le vrai du vécu et son éphémère !




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