dimanche 11 décembre 2022

L'erreur de l'Anomalie

 C’est un lieu commun que de dire qu’on nait dans un monde de fou.

Pourtant je vais me répéter et dire que je suis né dans un monde de fou.

On ne s’en aperçoit que relativement tard, par touches progressives qui d’abord se dissolvent dans le temps, pour ensuite s’accumuler par entassement et faire un gros gras dans la cervelle à la manière d’un parasite dont on a des difficultés à se débarrasser parce qu’il devient si important que finalement on est obligé d’admettre qu’il est là, qu’on est né dans un monde de fou.

C’est vers l’âge de trois ou quatre ans que les premières piques de ses incohérences ont commencé à se manifester comme une étrangeté difficile à cerner. On prend cela comme une algarade, peut-être une gêne certainement, une incompréhension assurément manifeste, mais dont la prématurité intellectuelle ne permet pas encore de comprendre les arcanes. Aussi est-on bien obligé de laisser passer, de prendre sur soi et de stocker ces incohérences quelque part dans la cervelle dans l’espoir de peut-être un jour expliquer ce genre d’incongruité. Et une grande part de cette folie, tout le monde le sait, se manifeste tout de suite par des « Ne touche pas à ça ! ». et ce « ça » bien sûr, ce sont les organes aphrodisiaques. Mais pas que !

Depuis ma plus tendre jeunesse, je n'ai pas été satisfait des explications qu'on me donnait du monde et me suis employé à en trouver de plus probantes. Quoi ? allez vous me dire, un branleur – qui ne s’est encore jamais branlé – va-t-il remettre le monde en question ? Hébé oui : La vie telle qu'on me l’expliquait ne me convenait pas et contenait un tel grand nombre de contradictions parfois idiotes, parfois hors sujet, souvent à l'emporte pièce, que je ne pouvais m'en trouver satisfait. Le problème princeps chez moi, c’est, on le voit bien, la satisfaction à la fois comme résumé du moment en tant que somme d’un historique dans son mouvement – son passage – concordant, et la conclusion libre d’une aventure.

Il y a un SUJET entre le monde et celui qui le vit, et une DESCRIPTION de cette relation de laquelle on jouit du fait qu'elle correspond, en MOTS (ça s’appelle la POÉSIE) à ce qui vous vivez. Au départ, les mots sont incomplets, incertains, sinon douteux et surtout INSATISFAISANTS. On vague donc sur une mer en tempête où les CHOSES qui flottent sur l'onde vineuse ne vous donne ni appui, ni secours, et quand cette eau en impétueux mouvements, pourtant, ne vous refuse en rien de vous secourir en vous permettant de flotter selon sa liquide substance.

Et pour cette société absurde, idiote et bornée, le pire est que l'enfant, quand il grandit et persévère dans ses interrogations, trouve des solutions VALABLES, BIEN PLUS valables que celles que cette société donne à la vie qu'elle propose de vivre, chichement, étriquement, médiocrement, économiquement, absurdement !

J'ai, comme tout un chacun, toujours été intriqué par la notion de "dieu". Et, à la fois, par la petitesse, l'exiguïté et les restrictions sociales du dieu qu'on me présente ici et là, circonciseur du cœur ou du prépuce, et surtout exciseur, le connard d'enfoiré de prêtre ou de prêtresse. Dieu ne m'a jamais dérangé mais son idée demande une explication. Serait-il le résultat d'une pensée qui n'a PAS vécu, ou mal, qui a mal vécu sa relation au monde qui nous accueille ? Oui... dieu est aussi con que cette relation que l'humain qui y croit entretient comme relation au monde. Quand dieu (ou des dieux ou ses dieux) est con, c'est que sa relation au monde l'est tout autant. Mais les gens ont besoin d'un tel concept de dieu... et pourquoi ? Ben... parce que LEUR relation au monde est guingoise : ils en ont oublié un aspect, ou bien l'on caché ou bien l'on dégradé, du monde qui ne leur permet pas d’appréhender DIEU dans sa totalité... ce qui signifie que, pour moi, ce dieu dont ils se targuent, est un boiteux, comme Abraham et Jésus Christ.

Dieu n'est pas véritablement un problème lorsqu’on l'a découvert : nous sommes dotés de, disons, cinq sens, sans doute plus, mais ils ont tous été parfaitement répertoriés. Sauf un : le sens du fait de vivre, et c'est ce sens – celui de se sentir vivant ! – qui correspond de trop loin au sens de DIEU : le sens de dieu ne peut se révéler que lorsque que l'ensemble des sens sont en harmonie, se frottent les uns contre les autres pour donner une musique céleste.

ET nous portons au loin de nous ce dieu car nous ne saisissons pas ce sens de la vie en nous. Dès lors que nous saisissons la vie frémir en nous par ce sens ignoré et harmonieusement compilatif, Dieu EST en nous, nous sommes dieu, loin de toute revendication violente ou vindicative, car cette SENSATION interne et frémissante de dieu nous incite au partage de son immensité, encore que cette immensité reste TERRESTRE, d'ici-bas, de l'immédiat : DIEU n'est qu'immédiat, ni antérieur ni à venir : il est la VIE, la manifestation du vivant, et le produit délirant d’interprétation de l'esprit humain.

Arrivé très tard dans la vie, le point d’achoppement de ma vie sociale est que je n’ai aucun dogme... ce qui signifie que tous les dogmes avant ou présents sont stupides (au sens absolu du terme), car ils ne spécifient qu’une grave incompréhension de l’EXISTANT. Beaucoup courent après ce qui coure dans la recherche de certitude dans le cosmos profond quand TOUT se passe ici-bas. Il y a de magnifiques PHOTOS de l’espace profond (ce qui signifie LOINTAIN) desquelles ont déduit une grande quantité de déductions quantiques ou relativistes qui NOUS permettent de nous situer dans cette VIE sans qu’on en saisisse l’étincelle. Un bon nombre cherche encore à certifier le « dieu » qu’ils ne perçoivent pas en eux, en tant que GRANDEUR. Ils veulent MESURER la grandeur de dieu ! quand dieu n’est que la sensation de leur être EN VIE. Ils sont si petitement perceptifs de ce qu’ils sont qu’ils mesurent à cette petitesse la grandeur d’un univers qui les accueille, les comble de ses bienfaits, à même de leur procurer la satisfaction de se reconnaître comme EXISTANT et d’en requérir une satisfaction !

Le film pelliculaire de la sensation de dieu est très fragile et un rien peut lui faire entendre que la déchirure qu’il subit est un ORDRE alors qu’il subit son extinction rutilante. Le film de l’entendement de cette sensation qu’on puisse porter un mot sur la sensation de se sentir intègre et de correspondre au monde, est si fragile, qu’un rien le déchire dans la perte de l’harmonie de ce ressenti du monde vivant qu’on traverse. Ce film me fait penser à l’hymen que tous ces fous-de-dieu, calottés ou circoncis (deux classes, svp)... les cons : il leur faut *déchirer* l’hymen. C’est, par le biais, le sujet de cet article qui veut présenter leurs assertions comme des prétextes dérisoires, futiles, religieux, à leur impuissance de ressentir AVEC AUTRUI ce plaisir inhérent au cours du monde que traverse notre dieu.

Dire que dieu est l’omnipotence, l’universel et l’incommensurable, c’est dire qu’il est la vie, la VIE. Se le représenter comme une entité située en dehors de soi, de la vie, c’est admettre que le sens de la vie vous manque, puisque la vie c’est aussi soi. Chaque être vivant, c’est à dire qui pulse, qui respire, est une fraction de dieu à part entière ! c’est une fraction à part entière de dieu. L’anomalie quant à la généralité de l’autoperception de chacune de ces fractions que nous constituons, nous permet, à nous, de nommer cette sensation de dieu qui est en nous, à ceci près que le mot employé ne nomme que ce qui est extérieur à cette fraction à part entière de dieu, car ce mot imparfait nous SÉPARE de cette sensation. C’est ainsi que cet « à-côté » dénote le problème de la violence idiote humaine, car cette fraction sensible ne l’est plus : elle est insensible à l’universalité, l’incommensurabilité et l’omnipotence de dieu en elle et cela la rend VIOLENTE. La dégradation de la sensation de la vie perçue par elle-même – que nous nommons dieu – ne permet plus de se sentir intégré, en tant que fraction à part entière, à un ensemble duquel on retire le plaisir du mélange.

Cette SÉPARATION se pose quand la question revient à une auto-perception de l’âme : dès lors, cette sensation est extérieure. C’est une fâcheuse habitude consécutive à une éducation obstinée dominée par la peur des sensations : l’humain vomit la peur qu’il éprouve de ses sensations sur sa progéniture de sorte qu’il est des plus difficile pour cette dernière ou bien d’ignorer ce processus – ignorance qui permet de jouir de ses sensations – ou bien d’en réchapper quand elle a été contaminée par cette lèpre affective. Il n’y a pas de problème de l’âme tant que la sensation de l’âme est vécue, ressentie et qu’une extrême prudence liée à une expérience qui confine à l’âge, permet de la décrire, en toute sérénité, sans la déformer, la tordre, la contorsionner des avanies qu’on pourrait résumer sous cette simple phrase : La peur de se perdre dans le cours du mouvement et conséquemment par son côté éphémère. Il n’y a pas de problème de dieu, dès lors où tout ce qui pulse trouve sa légitimité dans le monde (de ce que nous appelons) vivant, sa simplicité et sa complexité à la fois, du fait que nous sommes porteur d’une anomalie que nous a imposé la nature, qui est de mettre des mots au vécu.

Tout ce qui vit a une âme, évidemment, puisqu’il vit et est une fraction à par entière de dieu, quand ce dernier englobe l’ensemble du monde vivant. Les pulsations du monde vivant diffèrent, que l’on soit *organique* ou *minéral*, sans plus : les premières sont immensément plus rapides que les secondes. Dieu est pulsation, et nous en sommes une fraction à part entière ; la perception intérieure que nous avons de cette pulsation *autonome* est l’âme, une fraction pulsatile à part entière de dieu. Les autres animaux le vivent, nous, nous nous devons de la nommer, du fait de cette anomalie dont je parlais à l’instant.

Mais une immense majorité des animaux humains (ceux que la nature a doté de l’anomalie de nommer le monde... ce qui n’a pas ailleurs aucun intérêt du point de vue du VIVANT, sinon que pour eux-mêmes afin d’en jouir, je suppose...) a peur de SES sensations... disons qu’elle en a peur jusqu’à un certain point qui est un maximum collectivement admis – de la sensation qui est perçu par le Soi-propre ! – qu’elle ne DOIT PAS dépasser. Ce qui pose deux problèmes : quelle est l’intensité SOCIALE admise aux sensations (et en conséquences quelles en seront les transgressions possibles puisqu’un tel minimum insatisfera un certain nombre de vivants, individuellement ou collectivement) ; et ensuite comment va la société organiser l’acceptation, la pérennisation et la *sclérose* de ce MAXIMUM qu’elle se doit d’admettre (genre : religions ou organisations politiques) comme matière pratique (praxis) de l’intolérable. Et tout ça, dans un monde immense qu’on mesure par le calcul et l’estime (résultats concomitants de l’imagination – les mots) dont on parle comme réalisation de dieu où nous sommes chacun et chacune détenteur d’une fraction de son âme, de la PULSATION ! Ce dont l’humain a peur (et un mot est un mot) c’est de la pulsation de son âme : pour s’en défendre il et elle va couper le prépuce de ses bambins, exciser ses femmes, ignorer ses déchets, inventer les prisons, enfin... un tas de conneries dont on se passerait bien pour pouvoir jouir de cette pulsation tranquille !

L’animal qui met des mots sur quasiment tout ce qu’il vit – sans pour autant discriminer l’opportunité de tel ou tel mot comme correspondance avec ce qu’il vit – plus ou moins aime ou haït plus ou moins la SENSATION de sa pulsation INTERNE dont il a perception sous la forme de ce qu’il nomme « âme » en CORRESPONDANCE avec dieu – enfin... ce qu’il en a bien voulu en décrire, genre : barbu vociférant, miséricordieux, magnanime et pourtant impotent face à la malveillance de ses créatures ; l’idiot humain, en somme ! Ce n’est pas dieu que je traite d’idiot, idiot, mais toi ! Je ne dis pas que dieu doit recevoir adulations, offrandes propitiatoires et repentir impuissant (... à correspondre à sa pulsation), je ne dis rien de tout cela : dieu est en Soi : un fraction à part entière du VIVANT... et toutes des bêtises propitiatoires, tes repentir et tes adulations ne sont que des négations de l’EXISTANT de dieu : la VIE.

L’humain mâle et femelle a peur de la Vie et principalement de sa PULSATION. Il n’y a pas de vie sans pulsation : même le *minéral* pulse, à sa manière : lentement. Tout dans l’univers (DIEU !) pulse, pourquoi pas « avec joie », pourquoi pas « par simple existence », pourquoi pas par « VIE » ! Mais l’animal doté de l’anomalie de nommer le divers de l’existant craint la pulsation... je présuppose, par éducation : trique, baffe, réprimande, morale, économie, lois, et j’en passe. Non pas que je ne sois pas pour une organisation collective de notre humanité (l’engeance dotée de l’anomalie de nommer les trucs qui lui passent AUSSI par l’ESPRIT), mais je serais davantage gêné par ce manque de discrimination dans les descriptions de SON monde, et pire encore DU monde. Nous devrions trouver une solution à ce simple problème de concordance entre un vécu et sa perception (la sensation qu’on en requiert) et ses dénominations qui seront sans fin sujettes à discutions, encore que le déterminant serait de correspondre à la sensation initiale... jusqu’à la perte de la conscience ! Hahaha !

Ah... la conscience. La conscience refuse de se réfléchir à travers ce quelle nomme l’inconscience : ces fous qui ne se déterminent qu’à l’outrepasser. En fait, la « conscience » est un répertoire d’ « on-dit », appris par la persévérance pour moyen d’adaptation à la tribu (j’utilise le mot de ...). J’ai moult et moult fois souligné que l’Anomalie que nous sommes, comme les autres animaux à placenta, est d’abord un animal de troupeau, de tribu : il est doté de tous les éléments, dispositions et mode de satisfaction pour VIVRE en troupeau (en tribu) et notamment sexuels, car dispensé du rut, naturellement. Ainsi, la « conscience » est l’élément interne de pensée et de penser qui permet à l’individualité du troupeau de trouver, requérir et être en légitime attente de LA satisfaction de correspondre aux exigences de ce troupeau. L’humain se pense au dessus de tout, il est moins que rien sans le troupeau. Sans troupeau, il « contracte » toutes les maladies qui se manifestent dans les prisons qu’ils a inventées, successivement et opiniâtrement. Non pas qu’on ne doive pas mourrir de quelque chose, mais qu’on doive se voir poser comme impossible de jouir de la vie, autant par son existence propre que collectivement ! Et les RÈGLES du troupeau, aujourd’hui, ne corrèlent en rien une telle possibilité, un tel POUVOIR. Cette conscience ? du papier-cul dont la pureté est violée par la trace qu’on en expecte pour se sentir propre. La conscience est un CHAMP de l’entendement qui le restreint à n’être plus que des cailloux.