samedi 19 septembre 2020

Les chaussures éventrées d’un dangereux comique

 (english after *****)

Une partie du mystère du « suicide » de l’économie du fait de la civid-19 peut tout simplement être levée en saisissant que ce n’est pas le capitalisme, en tant qu’organisation matérielle de la vie sociale, qui est mis en danger par cette maladie, mais qu’il s’agit de *l’état d’esprit* du capitalisme (qui cache derrière son petit doigt le patriarcat *en mouvement*) qui se sent, LUI, défaillant.

Quand on voit des gens qui se disaient plus ou moins contre la forme d’organisation sociale présente (imposée dès le plus jeune âge au sapiens), et qui y retourne avec une rapidité extraordinaire lorsqu’ils sont mis face à la décision de prendre leur autonomie par rapport à cette organisation – c’est-à-dire de protester contre leur perte d’autonomie, leur perte de liberté – on se dit qu’il s’agit d’une bataille déjà perdue par ces personnes : la résignation se cachait derrière leur contestation maigrichonne.

Et devant elles, rien ne leur fera changer leur position : ni chiffres, ni logique, ni faits policiers. À se demander si ce n’est pas cette *peur du gendarme* qui se retrouve sous deux formes dans la covid-19 : la peur générée par une folie axée sur la maladie elle-même et les pouvoirs accrus de la police. Ici, au lieu d’ordonner les causes et les effets, la personne effrayée conglomère la maladie et la police, comme si la police pouvait les guérir de cette maladie en maltraitant leur liberté. L’infantilisation des gens passe par le fait de les obliger à accepter des tuteurs alors qu’ils sont adultes. Et cette infantilisation capitalistique devient manifestement chancelante.

Mais il y a un vide derrière la covid-19 : la mort. C’est ce vide qui est présenté devant nous comme l’aboutissement de la désobéissance à l’état d’esprit du capitalisme, quand c’est ce capitalisme qui nous mène à ce vide qu’il nous empêche de combler de nos réalités. Quand des gens qui se disaient au pire contestataires « rentrent dans le rang », c’est qu’ils ont besoin d’un chef : leur âme était déjà faible. Un telle faiblesse ne peut combler, ni individuellement et encore moins *collectivement*, le vide de Vie que laisse autour de nous le capitalisme (qui cache derrière son petit doigt, le patriarcat *en mouvement*).

Reconnaissant intuitivement sa débilité, la présente organisation moribonde du monde s’accroche en *séparant* les personnes les unes des autres pour éviter qu’une telle agglomération induise la virulence suffisante pour l’annihiler. Ce n’est pas le virus covid-19 qui est virulent, mais le désir des gens de changer de monde et cela, le capitalisme doit de toutes ses forces de police, en empêcher l’émergence.

C’est dans les pays qui ont conservé des relations *sociales personnelles* les plus présentes que la covid-19 a finalement fait le moins de dégâts ; l’Iceland, par exemple. Là où les gens sont déjà atomisés, la covid-19 se manifeste avec plus de vigueur, des personnes dans une détresse sanitaire (c’est-à-dire *sociale*) : les vieux, les pauvres. C’est là où les gens ont pu *librement* circuler que la covid-19 a eu le moins d’impact.

Cette « peur du vide », de la mort imaginée, est la matraque du capitalisme, et elle n’a pas de fondement ni sanitaire ni statistique : il suffit d’avoir peur pour répondre à la peur. Mais, pour le dire comme Wilhelm Reich, cette peur de mourir, cette *peur de tomber*, correspond à l’impuissance orgastique, quand c’est précisément cette puissance orgastique ET SA REVENDICATION qui vous fait revendiquer votre liberté d’y accéder. La manière dont est utilisée cette faible maladie, la covid-19 a une si grande puissance sur les gens tient du fait qu’elle est une tautologie : la peur mène à la peur qui nourrit la peur. On nous réfère à nos « vieux » quand ceux-ci sont *déjà très* malades, non pas parce qu’ils sont déjà très malades, mais parce qu’on va les perdre... comme si la mort devaient les éviter pour vous donner le plaisir de les voir continuer à vivre dans cette état de maladie avancée. On ne pense donc pas au malade, mais à soi, sous prétexte de l’affection qu’on ne pourra plus donner à ce vieux, car il est mort... de la covid-19. Il n’est pas mort de la covid-19, il est mort de mort, *avec* la covid-19. Mais de le savoir ou de se le voir répété, ne sert à rien, car prendre une position sereine correspond à refuser les imaginations délirantes d’un système social en décrépitude qui vous emporte dans sa propre mort en vous étouffant.

Toutes les dispositions prises par des gouvernements quasi-dictatoriaux, étouffent vos liberté : aller et venir selon son gré, respirer l’air libre, côtoyer nos amis, faire des rencontres, serrer dans nos bras, l’avenance, ne plus effrayer la femme et l’enfant, vaquer à l ‘aventure, revendiquer un monde sain, etc. Ce sont là des dispositions indispensables au maintien dans ses chaussures du patriarcat : c’est ainsi qu’il règne ; des chaussures éventrés d'un dangereux comique.

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Part of the mystery of the "suicide" of the economy due to civid-19 can simply be lifted by grasping that it is not capitalism, as the material organization of social life, that is endangered by this disease, but that it is the "état d'esprit" of capitalism (which hides behind its little finger the patriarchy "on move") that feels, HIM-self, failing.

When we see people who were more or less against the present form of social organization (imposed from a very young age on the sapiens), and who return to it with extraordinary speed when faced with the decision to stand on their own feet with regard to this organization - that is, to protest against their loss of autonomy, their loss of freedom - we tell ourselves that this is a battle already lost by these people: resignation was hiding behind their skinny protest.

And before them, nothing will make them change their position: neither numbers, nor logic, nor police facts. One wonders if it is not this "fear of the gendarme" which is found in two forms in covid-19: fear generated by a madness centered on the disease itself and the increased powers of the police. Here, instead of ordering cause and effect, the frightened person conglomerates the disease and the police, as if the police could cure them of the disease by abusing their freedom. The infantilization of people involves forcing them to accept guardians while they are adults. And this capitalist infantilization obviously becomes shaky.

But there is a vacuum behind covid-19: death. It is this emptiness that is presented before us as the result of disobedience to the state of mind of capitalism, when it is this capitalism that leads us to this vacuum that it prevents us from filling with our realities. When people who used to say to the worst protester "reintegrate the row", it's because they need a chief: their soul was already weak. Such weakness cannot fill, individually and even less so *collectively*, the emptiness of Life left around us by capitalism (which hides behind its little finger, patriarchy *in movement*).

Intuitively recognizing its debility, the present moribund organization of the world clings by *separating* people from each other to prevent such agglomeration from inducing the virulence sufficient to annihilate it. It is not the covid-19 virus that is virulent, but people's desire to change the world, and capitalism must, with all its police forces, prevent its emergence.

It is in the countries that have maintained the most present *personal social* relationships that covid-19 has finally done the least damage; Iceland, for example. Where people are already atomized, covid-19 manifests itself with greater vigor, people in health (i.e., "social") distress: the old, the poor. It is where people have been able to *freely* circulate that covid-19 has had the least impact.

This "fear of emptiness", this of imagined death, is the bludgeon of capitalism, and it has no sanitary or statistical basis: it is enough to be afraid to respond to fear. But, to put it like Wilhelm Reich, this fear of dying, this "fear of falling," corresponds to orgastic impotence, when it is precisely this orgastic power AND ITS CLAIM that makes you claim your freedom to access it.  The way in which this weak disease is used, covid-19 has such great power over people because it is a tautology: fear leads to fear that feeds fear. We are referred to our "old people" when they are *already very* sick, not because they are already very sick, but because we are going to lose them... as if death were to avoid them to give you the pleasure of seeing them continue to live in this state of advanced illness. So we do not think of the sick person, but of ourselves, under the pretext of the affection that we will no longer be able to give to this old man, because he has died... of covid-19. He did not die of covid-19, he died of death, *with* covid-19. But to know it or to see it repeated, is useless, because taking a serene position corresponds to refusing the delirious imaginations of a social system in decay that carries you away to its own death by suffocating you.

All the measures taken by quasi-dictatorial governments stifle your freedom: to come and go as you please, to breathe the open air, to be with our friends, to meet new people, to hug, to hughood, not to frighten women and children, to go on adventures, to claim a healthy world, etc. These are essential dispositions to keep the patriarchy in its shoes: this is how it reigns, but shoes disemboweled by a dangerous comedian.


mercredi 9 septembre 2020

Deux mots sur la cuirasse caractérielle

(in english, after (far !) the ***)

La cuirasse caractérielle est l’intégration neuro-musculaire acquise de la résignation à ne plus ressentir le plaisir de vivre, c’est-à-dire, à en souffrir. En conséquence, dès lors que se présente à vous un plaisir plus grand que celui auquel cette résignation permet d’accéder, la cuirasse caractérielle remet en fonction la structure neuro-musculaire de la résignation par durcissement, rigidification, crispation. S’allume alors une haine envers ce qui a réveillé ce possible de plaisir de vivre, haine qui tendra – du fait de son inaccessibilité – à détruire cette source potentielle de plaisir... pour retrouver la quiétude de la résignation.




De fait, la cuirasse caractérielle est une adaptation au monde, chez tous les animaux : elle sauvegarde des dangers connus et reconnus. Cependant chez l’humain — cet animal dont les images contiennent pour lui des émotions – la cuirasse se présente sous deux formes : une relativement souple – en ce sens où elle n’empêche que très peu la perception et l’auto-perception du plaisir de vivre et de ses mouvements fluctuants –, et l’autre ,*coagulée*, qui empêche la perception et l’auto-perception du plaisir de vivre. Cette dernière est la plus courante (et de très très très loin) et c’est de cette forme dont il s’agit ici. Pour parodier grossièrement la manière de Wilhelm Reich : la cuirasse caractérielle coagulée ne donne plus accès à l’orgasme, mais à des substituts d’orgasme destinés à réguler l’angoisse qu’elle génère. Dans sa grande généralité, la cuirasse souple se manifeste dans la bienveillance, la cuirasse coagulée plutôt dans la malveillance, surtout vis-à-vis de l’enfance. Dans cette coagulation, effectuée dans la contrainte, la bienveillance y est une faiblesse, quand la malveillance est acceptée comme l’expression d’une force exempte de pitié.




L’acquisition de la cuirasse caractérielle passe par sept étapes – que Wilhelm Reich, son découvreur, nomme « segments » – consécutives à une éducation elle-même rigide. La toute première se situe au niveau des yeux, (le refus de contact visuel bienveillant de l’éducateur) pour descendre ensuite à la bouche, le cou, les épaules. Vient alors la seconde en importance : le quatrième segment qui se situe dans le complexe du diaphragme. La rigidification au plaisir passe ensuite à l’abdomen et finalement atteint tout le segment pelvien qui devient incapable de ressentir librement le plaisir aphrodisiaque (qu’il nomme « génital », car à son époque tout était lié à la reproduction et non à la détente du plaisir).  Le pelvis est comme bloqué : ses mouvements ont perdu une harmonie, pour devenir saccadés, pour *s’affirmer*, « percer », l’ondulation initiale est ressentie comme une incitation violente. 




La cuirasse n’entend plus la souffrance d’autrui, car elle a perdu la perception de la sienne propre ; elle est d’autant incapable de ressentir les vagues de plaisir qui vont de l’un à l’autre. Cette égarement de l’empathie correspond à la perte de contact avec autrui comme miroir. La cuirasse a peur des expressions de la vie, des émotions, et elle attend du monde qu’il en soit de même, quitte à provoquer sans fin cette peur qui frigidifie les émotions d’allant au monde.




Suivant les travaux de Federico Navarro, chacun de ces segments s’accommode d’un ou de deux autres ; l’ensemble formant le *caractère* de la personne, c’est-à-dire son adaptation aux interdits relatifs à la satisfaction de la détente au mieux ressentie lors du phénomène de l’orgasme.




Au surplus, selon les modalités du caractère, les maladies sont concomitantes à ces crispations neuro-musculaires et elles trouvent leur siège dans un des segments de la cuirasse caractérielle : qui le cœur, qui la langue, qui les yeux, qui le colon, etc. car cette contraction quasi-permanente, compresse cette région vivante et l’étouffe dans ses mouvements, sa nourriture et son oxygène.




Finalement, selon son auteur, la cuirasse caractérielle ralentit ou empêche le flux et le reflux de l’énergie d’orgone – le *mouvement universel de la vitalité* – qui va et vient de haut en bas et de bas en haut, arrêté d’abord au segment prépondérant du caractère pour, en cas d’excès, crisper l’ensemble de l’organisme qui se tétanise, ou « décroche » ou encore « craque » sous forme de crise spasmodique plus ou moins sévère, épileptoïde.




Se défaire de sa cuirasse caractérielle demande beaucoup d’énergie. Étant acquise principalement au cours de l’enfance et coagulée (en quelque sorte) au moment de la puberté, elle fait partie de la vie de la personne, parfois ressentie comme une gêne aux moments qui demandent davantage de lâcher-prise. De plus, cette résignation a parallèlement appris à trouver des compensations qui permettent tout de même de transformer l’énergie excédentaire – habituellement dispensée au cours de l’orgasme, la rencontre amoureuse aphrodisiaque – en satisfaction. Cette cuirasse trouve donc des moyens « légitimes » pour se justifier à travers ces compensations : « Je suis comme ça ». Car ne doit jamais être perdu de vue que la cuirasse caractérielle est une *adaptation au moins pire*, jamais ; et qu’en tant que fait socialisé et socialisant, la cuirasse trouve dans la société toutes les compensations *permises*... qui donnent aussi les compensations plus ou moins interdites, d’autant plus excitantes : qui ravivent d’autant plus la sensation de vivre.




La cuirasse caractérielle permet une adaptation au milieu affectivo-sexuel de son environnement. Bien souvent, la prime enfance est impuissante devant l’emmaillotement, par exemple, ou la circoncision. Elle est démunie devant les interdit relatifs à ses propres organes aphrodisiaques, pourtant rapidement détectés comme source singulière de plaisir fluctuant. Elle est confronté à la conception de la sexualité de ses tuteurs, eux-mêmes cuirassés, c’est-à-dire, déniant et reniant les organes aphrodisiaques comme source fluctuante de plaisir, pour se résigner à en faire une source de souffrance plus ou moins oubliée dans la résignation. Les interdits religieux (sexuels ou culinaires) en sont l’exemple le plus flagrant, mais il reste encore les superstitions et autres craintes de la vie et de ses malheurs devant lesquels la pensée humaine reste impuissante.




La cuirasse se fige au moment de la puberté parce que les dispositions qui ont été auparavant adoptées pour sursoir aux désagréments de la frustration incompréhensible (et la résignation qui s’en suit) liée au plaisir aphrodisiaque, ne trouvent pas davantage de solution à ce moment crucial de la vie de la personne. Placée en pire face à des désirs aphrodisiaques, tant en intensité qu’en qualité – puisque s’ajoute en puissance une fonction de la reproduction – face à l’obstruction terrible à laquelle elle doit faire face, la personne ré-adopte les dispositions qu’elles a trouvées les plus opportunes pour palier à cette frustration au cours de sa vie pré-pubertaire.




La cuirasse est une manière de régulation de l’angoisse sollicitée par un contrainte extérieure, éducative. Un allant au monde (plaisir) est brusquement et violemment stoppé par un interdit – qui est, d’abord, externe à soi, puis introjecté.  La récurrence de l’interdit induit un phénomène que Françoise Mézière a nommé « la douleur pré-antalgique ». La personne se prévient d’une douleur importante en adoptant une attitude qui, elle-même douloureuse, mais moindre, lui permettra d’éviter d’avoir réellement mal. La douleur pré-antalgique est une douleur *préventive* assise sur l’expérience, en quelque sorte *inventée* par la personne pour se prémunir d’une douleur autrement plus importante. Elle avait remarqué cette douleur pré-antalgique dans les attitudes qu’adopte la personne pour une telle prévention : Françoise Mézière voyait les dos tordus, les démarches boiteuses, les bas-ventres douloureux, les gestes de déglutition incomplets, etc. C’est-à-dire, dans notre cas, qu’il est préférable de se faire, à soi, un peu *affectivement* mal face à un mouvement d’allant au plaisir, en vue de se prémunir d’avoir *affectivement* beaucoup mal en s’y adonnant et d’en recevoir des coups... et de se voir rejeté de l’affection extérieure, de l’éducateur. Ce système est neuro-végétatif, il est acquis et devient une « habitude » ; il se coagule : il est la manière dont procède la cuirasse caractérielle pour se protéger de l’angoisse généré par la NON-possibilité de répondre à l’allant au monde.




Ainsi, la cuirasse caractérielle ne peut pas voir, comprendre, toucher, admettre les causes (son existence-même) pour ne concentrer son attention que sur des résultats... qui sont boiteux puisqu’issus de la cuirasse caractérielle. La cuirasse caractérielle est neuro-végétative et la pensée interprète son propre être, son propre fait de vivre, d’existence : la cuirasse peut se ressentir, mais dans cette dynamique, elle provoque sa propre angoisse qui est l énergie qu’elle a endigué pour *ne pas ressentir d’allant au monde*. Elle ne peut, en conséquence (à moins d’être dans une état de transe) se libérer d’elle-même, car elle est sa propre condition de vie, et de vivre. Dès le moment où on lui fait se percevoir, c’est-à-dire le moment où elle perçoit la vie dans un mouvement autre que celui qu’elle admet et a adopté, la cuirasse réveille sa structure et se manifeste alors par la violence, le désir de détruire *ce* qui réveille la vie qu’elle emprisonne dans sa structure neuro-musculaire. La cuirasse est très satisfaite des compensations qui la détourne de sa propre perception, car ce mode d’adaptation lui permet de vivre sans angoisse, d’éviter de percevoir l’angoisse qu’elle entretient, malgré le profond allant naturel de la personne à entrer en contact avec le monde. La cuirasse refuse de voir sa propre existence, car cette constatation soulève une *émotion* que, précisément, elle réprime chez elle et chez autrui.




La société dans son ensemble et chaque individu cuirassé s’auto-entretiennent : la société (à travers ses lois, les éducateurs, la police, les religions, le *travail*, les modalités de partage) donne les permissions, les personnes les adoptent comme encloisonnement de leur angoisse. La société produit – bien sûr à travers la production d’individus cuirassés – les compensations qui permettent – à d’autres personnes – de pouvoir supporter leur angoisse, généralement en leur donnant un mouvement *sans danger*, une peur artificielle. Rien n’est plus terrible pour une  personne que de vivre dans l’angoisse, elle trouvera donc des moyens d’éviter de la ressentir (et non pas d’en trouver une origine pour la dissoudre dans un allant au monde). Quand elle trouve une « origine » à son angoisse, ce n’est que pour toujours se détourner d’elle, pour l’éviter, puisqu’elle soulève cette angoisse ; très peu souvent pour la solutionner véritablement... ce qui est temporaire, bien évidemment. Que ce soit « à l’eau de rose » ou « du sang des crimes », en roman ou au cinéma, toute la production *imagiaire* (humaine) montre un *mode d’évitement* du problème du NON-accès à l’amour, c’est-à-dire au plaisir aphrodisiaque partagé avec bonheur. N’y sont pas évoqués les problèmes relatifs au mode d’accès à ce bonheur dont je parle, mais les moyens d’éviter absolument de parler de la non-perception du *pourquoi on ne peut y accéder*. On parle des modalités d’évitements, mais pas des modalités d’accès, sinon que sur les trois lignes ou images finales, et encore une fois, sous forme d’évitement, car on serait alors obligé d’évoquer « les misères de la chambre conjugale ». C’est la raison pour laquelle on se trouve confronté à tant de violence, de marchandage affectif, de faux-semblants, d’hypocrisie, de malveillance et de méchanceté, de tortures. Et tout cela se retrouve, comme justifiée, dans la violence sociale de la rue – l’endroit de la socialité par excellence – ou pour ce qu’il en reste !




Dans sa très très grande généralité, la cuirasse caractérielle est, neuro-physiquement, incapable de compromis : elle usera toujours de la force, car elle est une violence en soi et par soi qui ne peut admettre le lâcher-prise : comme est elle une perte, elle ne peut admettre perdre plus face à autrui qui est la personne identifiée comme la source de cette perte (avec raison, d’ailleurs, mais sous d’autres cieux et en d’autres temps). Elle préfère se résigner que de partager un compromis. La cuirasse caractérielle est aussi un pouvoir – celui du « Non ! » – sur autrui.




L’émergence du *chef* et la prégnance de la cuirasse caractérielle est évidente. Il faut des cuirassés pour faire un chef et être cuirassé pour subir les désidératas d’un chef. On sait, pour l’avoir remarqué, que plus un peuple est « mou », résigné « à son sort », c’est-à-dire, dont la cuirasse paralyse le mouvement, et plus le chef sera dictatorial ; sinon on peut se demander *comment* et *pourquoi* « on » le laisse en place, ce dictateur, n’est-ce pas ? Sa police (composée de ceux qui croient comme d’une bouée en l’Ordre pour y obéir et opérer sa malveillance sans angoisse) restera toujours impuissante face à des gens déterminés à conserver leur cadre de liberté hors de la dictature d’un chef. 


La singularité du chef se situe dans sa possession de l’objet social. Une société dont les membres ont une cuirasse restée souple, se servira d’un objet de prestige *sans propriétaire*, dont le détenteur est obligatoirement transitoire – qui n’est en rien, je le répète, le « propriétaire » de cet objet. Le chef désire et revendique la possession *personnelle* et pérenne de l’objet de prestige : il revendique la richesse personnelle, et non plus sociale d’un objet qui peut alors  être une femme, la première esclave du désir d’un pelvis bloqué par la cuirasse. Le chef transforme l’objet de prestige qui est un objet *de* la société, en objet de pouvoir sur autrui. Quand le détenteur de l’objet de prestige reçoit les regards d’autrui (ce qui fait son contentement et le contentement de tous), le chef se revendique être détenteur d’un objet de pouvoir, et s’accapare des regards d’autrui : le mouvement est inverse : il passe de l’objet pour se fixer sur la personne. Ce n’est qu’en tant que possesseur d’objet que l’homme (lui) est politique (et, effectivement, seuls les riches *fondent* et *font* la politique), et seulement à cause de cela ; sinon, il est tout simplement social. Mais, à nouveau, ce sont les gens hypnotisés par l’objet de pouvoir (sublimé comme le libérateur de la cuirasse coagulée) qui confère ce pouvoir au détenteur de cet objet. Qu’ils en restent indifférents, et ce détenteur n’a plus aucun pouvoir, tout au plus est-il détenteur d’un objet de prestige qu’il ne peut conserver lui seul : il doit le faire circuler !




L’une des adaptations modernes (je dirais technologiques) de la cuirasse dans son expression sous cette forme de recherche d’un pouvoir sur autrui, est une certaine variation de musique qui contient énormément de violence tant dans ses sons que dans ses vocables, que cette tentative plus ou moins réussie de pouvoir. Et seule cette forme de musique est utilisée dans cet objectif  de s’imposer à autrui et de lui en imposer. Oseriez-vous « toucher » à ce pouvoir que vous devrez faire face à une agressivité extrême... qui montre qu’on touche à une impuissance d’exprimer autrement son affectivité sociale que sous une forme violente. Quand à un moment historique cette forme exprimait un réel mal à l’aise, cette expression tourne vite en son contraire, en vinaigre, en argent, que tout un chacun se doit d’absorber et dans une forme de plus en plus raffinée de son agressivité, puisque celle-ci a perdu son suc : défaire le monde de la cuirasse.


L’État est composé de ceux qui savent dire avec le plus de force, de conviction et d’ignominie « Non ! ». Ceux-là recevront les plus hautes charges, et les politiques sont des spécialistes de cette magie de vous faire passer des vessies pour des lanternes quand vous gobez cette lumière. Les élections leur donnent cette légitimité de pouvoir affirmer dans une autorité suffisante ce « Non ! » pour crétiniser les gens davantage en les cantonnant à un « Non ! » à leur seul « Non ! ». La police se délecte de le faire appliquer.




Il ne faut pas hésiter à comprendre que toute personne *idolisée* (que ce soit par un coup publicitaire ou une progression rapide de sa « notoriété », ou encore sa soudaine émergence après de longues années de silence) exprime pour moitié le « Non ! » du *pouvoir* et pour l’autre moitié, le « Non ! » des gens qui préfèrent s’y retrouver pour se maintenir dans l’absence de mouvement en direction d’un allègement de la tension angoissante de la cuirasse caractérielle. Cette *idolisation* (politique, burlesque, révolutionnaire, cinéma ou chant, etc.) répond au rêve de s’extraire du statu quo – en rien de le chambouler – et permet de se maintenir à bonne distance de ce bouleversement. Pour détail, ce « Non ! » est dissimulé dans la narration d’un scénario centré sur des espoirs dont les moyens se sont *déjà et en de multiples occasions* avérés totalement impuissants... puisque nous en sommes encore là, au même point. Les plus belles réussites *publicitaires* de ces manifestations de la gestion sociale de ce « Non ! », sont celle qui enjolivent des couleurs du moment, cet espoir de sortir de la mouise amoureuse avec brio. Pourtant, une écoute attentive de ces cris de révolte détecte que tout cela « sonne faux », encore que cet espoir soulevé par cette « révolte », laisse une si pauvre discrimination de l’entendement qu'elle se voit en difficulté de distinguer les décorations de ce faux. Et sachant que ce « Non ! » correspond à une terreur tétanisante de l’amour aphrodisiaque, on comprend qu’il est aisé pour un pouvoir de mener son monde par le point aveuglant de la mort.





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Dans cette description centrée sur son aspect social, il apparaît que la cirasse caractérielle englobe assurément la vie affective, aphrodisiaque (pour eux : sexuelle), l’ensemble de la vie humaine, qu’on se demande ce qu’il est possible d’entreprendre un mouvement  pour qu’elle disparaisse sous cet aspect nocif, ou même, s’amoindrisse. Il faut, effectivement beaucoup de courage. 


D’abord, il ne faut rien espérer de la technologie. La technologie n’est qu’une vue *minérale* de la vie, comme le ressenti de ses créateurs qui veulent absolument se débarrasser (et débarrasser le monde) de tout ce qui est organique, car l’organique c’est l’émotion. Ce qu’on nomme pompeusement l’intelligence artificielle (toujours avec des majuscules, s’il vous plait !), est une « intelligence » *minérale*, totalement dégagée des émotions, c’est à dire, une compilation de statistiques qui se compilent elles-mêmes, sur une base de silicium enrichi. à la charge émotive dont il décore ce mot « intelligence », on mesure celle qu’il leur reste. L’apprentissage combinatoire n’est qu’un exemple grossier de la technologie actuelle dans son désir d’aboutissement à la totale absence de l’organique, de l’émotion. L’homme (encore lui !) « augmenté » est de la poudre de roche fondue : quand il serrera dans ses bras sa compagne, elle n’en ressentira que les os d’acier au titane. Les prétentions des nanos pour leur apport en médecine ne soulignent que l’ignorance que ces « médecins-chercheurs » ont du fonctionnement de la vie, et du corps doté d’émotion, en particulier. Quand on regarde les réseaux sociaux, on nous détourne la vue de la perte des bals, des bars, des guinguettes, des musiciens, et j’en passe. Il s’agit de clans (nommés « chaines » où chacun pense la même chose à quelque variantes près) qui s’entretiennent dans cette forme pour se consolider, toujours en guerre avec les autres clans. En guerre contre quoi ? Contre des idées creuses de la cuirasse caractérielle ! Et quelles idées : comment continuer à vivre dans une société où la cuirasse caractérielle vous a mené à vous retrouver dans ces clans pour vous battre contre d’autres clans qui effectuent la même manœuvre, avec des « idées » un peu différentes : couleurs des yeux, formes des fesses, grosseurs des biceps, etc. Ils formulent leurs idées dans un « jargon de métier », comme disait Diderot, « subtilement » compréhensible par eux seuls, et ils ne comprendront pas ce que je suis en train d’écrire, par exemple. : trop compliqué ! C’est la cuirasse caractérielle accomplie à l’échelle du virtuel qui fait les choux gras de ceux qui en détiennent les *moyens opératoires*. Comme maillon de cette chaine, continuellement confronté à faire correspondre ses critères à ceux de son clan – dont il cherche tout de même à se distinguer –, on oublie de se laisser aller à la douceur du plaisir, on se demande même si un tel oubli est toléré ! Il s’agit d’un érotisme de la *tension* – sans détente, même solitaire – mené par une succession effrénée d’*images* qu’on se doit de comprendre et de comprendre la succession sans qu’il vous soit possible d’en cesser le flux, dépassé. En bref, la technologie est de la cuirasse caractérielle minéralisée dans des dispositifs sur lesquels nul n’a un contrôle, sinon que celui qui les détient ; et il les détient pour en faire de l’argent. La publicité est l’image de cette modalité et lui donne sa consistance. En espérer une maîtrise parce qu’on en deviendrait le propriétaire, ne change rien à l’affaire, car il y aura autant de propriétaires que de participants et c’est précisément cela le nœud du problème : l’organisation *collective* de la vie doit-elle passer par l’utilisation de tels dispositifs ? Évidemment non. C’est en revenant au contact direct entre nous que nous confronterons nos avis, suivant notre cuirasse et qu’une prédisposition bienveillante quand aux solutions pratiques et surtout simple (permaculture, assemblée des femmes, usage de la chaleur solaire, etc.) que nous réussirons à dispenser nos ENFANTS de la cuirasse caractérielle coagulée.




Les blessures que provoque autrui sur autrui sont si persévérantes que chacun veut se protéger à tous moments d’une malveillance supplémentaire. Ces blessures qui évoluent au fil du temps, durent tout de même une bonne quinzaine d’années.  C’est-à-dire que jusqu’à même l’auto-satisfaction a été interdite de sorte à la déformer tant, qu’elle devient inaccessible, durant quinze ans... qui sont le début répétitif dans l’inassouvissement et la résignation, d’une longue histoire. C’est terriblement douloureux, au point que parallèlement, on a aussi appris à poser sur un coussin cette douleur pour l’oublier un peu, pour regarder ailleurs. La souplesse de la cuirasse caractérielle, souplesse qui permet la rencontre de l’autre sans souci de souffrance aucune – et même d’abandon – est immédiatement motrice de ce plaisir allant à cette rencontre. La cuirasse coagulée désirerait être souple, compréhensive, délicate, aimante, etc., mais elle ne le peut que peu, pas autant qu’elle le désire, en tout cas. Dans le pire des cas, elle se manifeste par la violence, sous forme de malveillance incontrôlée, incontrôlable. On le sait, c’est dommage et c’est triste, mais on le sait. Le « pervers-narcissique » n’est qu’une personne au pelvis solidement rigidifié : il hypnotise car il figure par cette rigidité à la fois la solution socialement admise au problème de l’aphrodisie ; et à cause de cette rigidité qui est ce qu’on désire le moins, car il reste toujours en soi, un goût de la liberté.




Un de plus grand problème de la cuirasse caractérielle est qu’elle est sexuée : elle ne se manifeste pas de la même manière chez la femme que chez l’homme, car, bien évidemment, les sexes existent et sont complémentaires. L’Amour peut certes se porter sur qui Il veut, mais Il sera de toute façon sexué. Quand la personne aura un segment caractériel diaphragmatique têtu, ce segment ne ne se manifestera pas de la même manière chez la femme que chez l’homme. Certes tous deux retiendrons, à la bloquer, leur respiration au moment acméique (Res-pi-rez !), mais les contractions concomitantes ne produiront pas le même effets chez l’une que chez l’autre... ni le même résultat *affectif*, lié à la détente (l’ocytocine, dit Michel Odent). De fait, les modalités de réalisation du désir sont différentes chez l’une que chez l’autre. En conséquence, à le savoir, on ne peut demander à l’une ce que l’autre attend selon *sa* forme ! Et pourtant... ce sera très fatiguant (au début) mais il faut *indéfectiblement éviter toutes violences*, de quelque nature que ce soit.




J’y ai tout à l’heure fait allusion : outre le refus de contact bienveillant visuel de l’éducateur, sa malveillance se poursuivra finalement dans la prohibition de l’auto-satisfaction. En fait, ce que l’éducateur interdit est plus précisément la transe orgastique de l’auto-satisfaction puisqu’il est lui-même incapable – par effroi – d’y accéder (s’il en était capable, il ne s’en préoccuperait pas plus). Si son désir (ou *son courage*) vient à outrepasser cet interdit, bien souvent la personne « culpabilise » (comme on dit : elle prend, dans ce cas, la faute d’autrui sur elle) quand elle touche à cette transe, de sorte à vouloir restreindre son contact avec elle. Elle éprouve alors une douleur et tendra à la résignation. Ici, il peut se passer deux choses : ou bien la personne comprend vite que cette douleur est liée à la restriction qu’elle apporte, elle, à l’apogée de cette transe ; ou bien elle prend pour comptant cette douleur et lui obéit par une contrainte encore plus forte... ce qui est une erreur, bien sûr. Car dans ce cas, elle devra faire encore plus preuve de courage pour se ré-approprier l’accès à l’orgasme... et ce n’est pas une mince affaire. Dans le pire des cas (environ 35 % des hommes et 40 % des femmes), on n’y arrivera pas : la cuirasse est trop rigide, la respiration ne pourra trouver une amplitude suffisante.




Mais à la fois, quand je critique en avers, je donne par transparence l’envers. Res-pi-rez ! Sachez vous écouter, ne courrez pas après l’orgasme : c’est LUI qui vient à vous, pas l’inverse. Ne jouez pas à compèt’ avec LUI ; n’oubliez jamais que c’est LUI qui doit gagner. Et s’il ne se lève pas, et que vous n’avez pas saisi pourquoi, je devrai ré-écrire mon papier, et j’en suis désolé. Faire la compèt’ sur la longueur de la vie ne rapportera rien à la mort : mieux vaut la ressentir, gaiement, s’écouler.

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Two words about character armour
septembre 2020

The character armour is the neuro-muscular integration acquired from the resignation to no longer feel the pleasure of life, that is to say, to suffer from it. Consequently, as soon as you experience a greater pleasure than that which this resignation allows you to access, the character armour restores the neuro-muscular structure of the resignation by hardening, rigidification, and contraction. A hatred is then aroused towards that which has awakened this possible source of pleasure in life, a hatred which will tend - because of its inaccessibility - to destroy this potential source of pleasure... in order to regain the tranquillity of resignation.

In fact, the character cuirass is an adaptation to the world, in all animals: it protects from known and recognized dangers. However, in humans - that animal whose images contain emotions for him - the armour comes in two forms: one relatively flexible - in the sense that it only slightly prevents the perception and self-perception of the pleasure of living and its fluctuating movements -, and the other ,*coagulated*, which prevents the perception and self-perception of the pleasure of living. The latter is the most common (and by far the most common) and it is this form that we are talking about here. To roughly parody the manner of Wilhelm Reich: the coagulated character armour no longer gives access to orgasm, but to orgasm substitutes intended to regulate the anguish it generates. In its great generality, the supple breastplate manifests itself in benevolence, the coagulated breastplate rather in malevolence, especially towards childhood. In this coagulation, carried out under constraint, benevolence is a weakness, when malevolence is accepted as the expression of a force free of pity.

The acquisition of the character armor goes through seven stages - which Wilhelm Reich, its discoverer, calls "segments" - following an education that is itself rigid. The very first one is at eye level (the educator's  refusal of benevolent eye contact) and then descends to the mouth, neck and shoulders. Then comes the second in importance: the fourth segment which is located in the complex of the diaphragm. The rigidification to pleasure then passes to the abdomen and finally reaches the whole pelvic segment which becomes unable to feel freely the aphrodisiac pleasure (which he calls "genital", because in his time everything was linked to reproduction and not to the relaxation of pleasure).  The pelvis is as if blocked: its movements have lost a harmony, to become jerky, to *s'affirmer*, to *perceive*, the initial undulation is felt as a violent incitement.

The armour no longer hears the suffering of others, because it has lost the perception of its own; it is all the more incapable of feeling the waves of pleasure that go from one to the other. This loss of empathy corresponds to the loss of contact with others as a mirror. The armour is afraid of the expressions of life, of emotions, and it expects the world to be the same, even if it means endlessly provoking this fear that frigidifies the emotions of going out into the world.

According to the work of Federico Navarro, each of these segments is adapted to one or two others; the whole forming the *character* of the person, that is to say his adaptation to the prohibitions related to the satisfaction of the relaxation best felt during the phenomenon of orgasm.

Moreover, according to the modalities of the character, diseases are concomitant to these neuro-muscular contractions and they find their seat in one of the segments of the character armour: who the heart, who the tongue, who the eyes, who the colon, etc., because this quasi-permanent contraction, compresses this living region and suffocates it in its movements, food and oxygen.

Finally, according to its author, the character armour slows down or prevents the ebb and flow of the orgone energy - the *universal movement of vitality* - which comes and goes from top to bottom and from bottom to top, stopping first at the preponderant segment of the character to, in case of excess, tighten the whole organism which becomes tetanic, or "stalls" or "cracks" in the form of a more or less severe spasmodic seizure, epileptoid.

Getting rid of your character armour requires a lot of energy. Being acquired mainly during childhood and coagulated (in a way) at the time of puberty, it is part of the person's life, sometimes felt as an inconvenience at moments that require more lâcher-prise. Moreover, this resignation has at the same time learned to find compensations that still allow the excess energy - usually dispensed during orgasm, the aphrodisiac love encounter - to be transformed into satisfaction. This armor thus finds "legitimate" means to justify itself through these compensations: "I am like that". For must never be lost sight of the fact that the character armour is an *at least worse* adaptation, never; and that as a socialized and socializing fact, the armour finds in society all the *permitted* compensations ... which also give the more or less forbidden compensations, all the more exciting: which revive all the more the sensation of living.

The character armour allows an adaptation to the affective-sexual environment. Very often, early childhood is powerless in front of swaddling, for example, or circumcision. It is powerless in front of the prohibitions relating to its own aphrodisiac organs, yet quickly detected as a singular source of fluctuating pleasure. She is confronted with the conception of sexuality of her tutors, themselves armoured, that is to say, denying and disavowing the aphrodisiac organs as a fluctuating source of pleasure, to resign herself to making them a source of suffering more or less forgotten in resignation. Religious prohibitions (sexual or culinary) are the most blatant example of this, but there are still superstitions and other fears of life and its misfortunes in the face of which human thought remains powerless.

The armour freezes at the moment of puberty because the dispositions that were previously adopted to overcome the incomprehensible frustration (and the resignation that follows) linked to aphrodisiacal pleasure, do not find a solution at this crucial moment in the person's life either. Placed in the worst position in the face of aphrodisiac desires, both in intensity and quality - since a function of reproduction is potentially added - in the face of the terrible obstruction they have to face, the person readopts the dispositions they have found most appropriate to overcome this frustration during their pre-pubertal life.

The armour is a way of regulating the anguish solicited by an external, educational constraint. A going into the world (pleasure) is suddenly and violently stopped by a ban - which is, first, external to oneself, then introjected.  The recurrence of the forbidden induces a phenomenon that Françoise Mézière has called "pre-antalgic pain". The person warns himself of significant pain by adopting an attitude which, itself painful, but less so, will enable him to avoid having real pain. Pre-antalgic pain is a *preventive* pain based on the experience, in a way *invented* by the person to protect himself from a much greater pain. She had noticed this pre-antalgic pain in the attitudes that the person adopts for such prevention: Françoise Mézière saw twisted backs, lame gait, painful lower bellies, incomplete swallowing gestures, etc.That is to say, in our case, it is preferable to make oneself a little *affectively* badly in the face of a movement of going for pleasure, in order to prevent oneself from having *affectively* a lot of pain while doing it and from receiving blows... and from being rejected from outside affection, from that of the educator.  This system is neuro-vegetative, it is acquired and becomes a "habit"; it coagulates: it is the way in which the character armour proceeds to protect oneself from the anguish generated by the NON-ability to respond to the going to the world.

Thus, the character armour cannot see, understand, touch, admit the causes (its very existence) to focus its attention only on results... which are lame since they come from the character armour. The character armour is neurovegetative and thought interprets its own being, its own fact of living, of existence: the armour can be felt, but in this dynamic, it provokes its own anguish which is the energy it has dammed up to *not feel going to the world*. It cannot, consequently (unless it is in a state of trance) free itself from itself, because it is its own condition of life, and of living. From the moment it is made to perceive itself, that is to say the moment it perceives life in a movement other than the one it admits and has adopted, the armour awakens its structure and then manifests itself through violence, the desire to destroy *which* awakens the life it imprisons in its neuro-muscular structure. The armour is very satisfied with the compensations which divert it from its own perception, because this mode of adaptation allows it to live without anguish, to avoid perceiving the anguish it maintains, despite the deep natural inclination of the person to come into contact with the world. The armour refuses to see its own existence, because this statement raises an *emotion* which, precisely, it represses in itself and in others.

Society as a whole and each individual armoured vessel are self-sustaining: society (through its laws, educators, police, religions, *work*, sharing modalities) gives permissions, people adopt them as an enclosure for their anguish. Society produces - of course through the production of armoured individuals - the compensations that allow - other people - to be able to bear their anguish, generally by giving them a *safe* movement, an artificial fear. Nothing is more terrible for a person than to live in anguish, so they will find ways to avoid feeling it (and not to find an origin to dissolve it in a ongoing to the world). When they find an "origin" to their anguish, it is only to turn away from it forever, to avoid it, since it raises this anguish; very rarely to really solve it... which is temporary, of course. Whether it is "à l'eau de rose" or "du sang des crimes", in novels or films, the whole *imaginary* (human) production shows a *mode of avoidance* of the problem of NON-access to love, that is to say, to aphrodisiac pleasure shared with happiness. The problems relating to the mode of access to this happiness that I am talking about are not evoked, but the means of absolutely avoiding talking about the non-perception of the *why one cannot access it*. The modalities of avoidance are mentioned, but not the modalities of access, except in the three final lines or images, and again in the form of avoidance, because one would then be obliged to evoke "the miseries of the marital chamber". This is why we are confronted with so much violence, emotional bargaining, pretense, hypocrisy, malevolence and wickedness, torture. And all this is found, as justified, in the social violence of the street - the place of sociality par excellence - or what is left of it!

In its very, very great generality, the character armor is, neuro-physically, incapable of compromise: it will always use force, because it is a violence in itself and by itself that cannot admit to letting go: as it is a loss, it cannot admit to losing more in front of others who is the person identified as the source of this loss (with reason, moreover, but under other skies and in other times). He prefers to resign hIsself rather than share a compromise. The character armour is also a power - that of the "No!". - on others.

The emergence of the *chef* and the importance of the character armour is obvious. It takes battleships to make a chief and it takes battleships to undergo the desires of a chief. We know, for having noticed it, that the more a people is "soft", resigned to its "fate", that is to say, whose armor paralyzes the movement, the more dictatorial the leader will be; otherwise one can ask oneself *how* and *why* "we" leave him in place, this dictator, can't one? His police (made up of those who believe like a buoy in the Order to obey it and operate its malevolence without anguish) will always remain powerless against people determined to keep their framework of freedom outside the dictatorship of a leader. 

The singularity of the chief lies in his possession of the social object. A society whose members have a flexible armour will use a prestigious object *without any owner*, whose holder is necessarily transitory - who is in no way, I repeat, the "owner" of this object. The chief desires and claims the *personal* and perennial possession of the prestige object: he claims the personal, and no longer social, wealth of an object which can then be a woman, the first slave of the desire for a pelvis blocked by the breastplate. The chief transforms the prestige object, which is an object *of* society, into an object of power over others. When the holder of the object of prestige receives the glances of others (which makes him happy and makes everyone happy), the chief claims to be the holder of an object of power, and takes the glances of others: the movement is the opposite: he passes from the object to fix himself on the person. It is only as the possessor of an object that man (he) is political (and, indeed, only the rich *found* and *do* politics), and only because of that; otherwise, he is simply social. But, again, it is the people hypnotized by the object of power (sublimated as the liberator of the coagulated armour) who confer this power on the holder of this object. Let them remain indifferent to it, and this holder no longer has any power, at most he is the holder of an object of prestige that he alone cannot keep: he must circulate it!

One of the modern (I would say technological) adaptations of the breastplate in its expression in this form of seeking power over others, is a certain variation of music that contains a great deal of violence in both its sounds and its vocals, that this more or less successful attempt at power. And only this form of music is used with the aim of imposing itself on others. Would you dare to "touch" this power that you will have to face with extreme aggressiveness... which shows that on is touching a powerlessness to express your social affectivity in any other way than in a violent form. When at one historical moment this form expressed a real discomfort, this expression quickly turns into its opposite, into vinegar, money, which everyone has to absorb, and into an increasingly refined form of aggression, since it has lost its juice: to undo the world of the armour.

The State is made up of those who know how to say with the most force, conviction and ignominy "No !". They will receive the highest offices, and politicians are specialists in the magic of making you pass from bladders to lanterns when you swallow this light. Elections give them the legitimacy of being able to affirm with sufficient authority that "No !" to cretinize people further by confining them to a "No !" to their "No !" alone. The police delight in enforcing it.

One should not hesitate to understand that any person who is "idolized" (whether by a publicity stunt or a rapid progression of his "notoriety", or even his sudden emergence after long years of silence) expresses half the "No !" of the "power" and the other half the "No !" of people who prefer to find their way in the absence of movement in the direction of an easing of the anguishing tension of the character's armour. This *idolization* (political, burlesque, revolutionary, cinema or song, etc.) responds to the dream of getting out of the status quo - in no way to upset it - and allows one to keep a good distance from this upheaval. For detail, this "No!" is hidden in the narration of a scenario centered on hopes whose means have *already and on many occasions* proved to be totally impotent... since we are still at the same point. The most beautiful *publicist successes* of these manifestations of the social management of this "No!" are those that embellish the colors of the moment, this hope to get out of the love affair with brio. However, an attentive listening of these cries of revolt detects that all this "sounds false", even though this hope raised by this "revolt" leaves such a poor discrimination of understanding that it is difficult to distinguish the decorations from this fake. And knowing that this "No!" corresponds to a tetanizing terror of aphrodisiac love, one understands that it is easy for a power to lead its world through the blinding point of death.


~o0o~


In this description centered on its social aspect, it appears that the character armour certainly encompasses the affective, aphrodisiac (for them: sexual) life, the whole of human life, that one wonders what it is possible to undertake a movement so that it disappears under this harmful aspect, or even, diminishes. It takes a lot of courage, indeed. 

First of all, we must not expect anything from technology. Technology is only a *mineral* view of life, like the feeling of its creators who absolutely want to get rid (and rid the world) of everything that is organic, because organic is emotion. What is pompously called artificial intelligence (always with capital letters, please!), is a *mineral* "intelligence", totally free of emotions, that is to say, a compilation of statistics that compile themselves, on a base of enriched silicium. At the emotional charge with which it decorates this word "intelligence", we measure what is left to them. Combinatorial learning is only a crude example of current technology in its desire to achieve the total absence of the organic, of emotion. Man (again!) "augmented" is molten rock powder: when he hugs his companion in his arms, she will only feel the bones of titanium steel. The pretensions of nanos for their contribution to medicine only underline the ignorance that these "doctor-researchers" have of the functioning of life, and of the body endowed with emotion, in particular. When we look at social networks, we are distracted by the loss of balls, bars, dance halls, musicians, and so on. They are clans (called "chains", where everyone thinks the same thing, except for a few variations) who meet in this form to consolidate themselves, always at war with the other clans. At war with what? Against hollow ideas of the character armor! And what ideas: how to continue to live in a society where the character armour has led you to find yourself in these clans to fight against other clans that perform the same maneuver, with slightly different "ideas": colors of the eyes, shapes of the buttocks, biceps sizes, etc.. They formulate their ideas in "trade jargon", as Diderot said, "subtly" understandable to them alone, and they won't understand what I'm writing, for example. Too complicated! It is the character armor accomplished on the scale of the virtual that makes the fat cabbage of those who have the *operating means* of it. As a link in this chain, continually confronted with the need to make his criteria correspond to those of his clan - from which he tries to distinguish himself anyway -, one forgets to indulge in the sweetness of pleasure, one even wonders if such an omission is tolerated! It is an eroticism of *tension* - without relaxation, even solitary - led by a frantic succession of *images* that one must understand and understand the succession without it being possible to stop the flow, out of date. In short, technology is character armor mineralized in devices over which no one has control except the one who holds them; and he holds them to make money. Advertising is the image of this modality and gives it its consistency. Hoping to control it because one would become its owner does not change anything, because there will be as many owners as there are participants, and this is precisely the crux of the matter: should the *collective* organization of life pass through the use of such devices? Obviously not. It is by returning to the direct contact between us that we will confront our opinions, following our cuirass and a benevolent predisposition as to practical and above all simple solutions (permaculture, women's assembly, use of solar heat, etc.) that we will succeed in dispensing our CHILDREN from the coagulated character cuirass.

The wounds caused by others on others are so persevering that everyone wants to protect themselves at all times from further malevolence. These wounds, which evolve over time, still last a good fifteen years.  That is to say that even self-satisfaction has been forbidden so as to distort it so much that it becomes inaccessible, for fifteen years... which are the repetitive beginning in the dissatisfaction and resignation of a long history. It is terribly painful, to the point that at the same time, we have also learned to put this pain on a cushion to forget it a little, to look elsewhere. The suppleness of the character armor, suppleness that allows the meeting of the other without concern for any suffering - and even abandonment - is immediately driving this pleasure going to this meeting. The coagulated armour would like to be supple, understanding, delicate, loving, etc., but it can only do so little, not as much as it desires, in any case. In the worst case, it manifests itself by violence, in the form of uncontrolled, uncontrollable malevolence. We know this, it's a pity and it's sad, but we know it. The "pervert-narcissist" is only a person with a solidly rigid pelvis: he hypnotizes because he is, through this rigidity, both the socially accepted solution to the problem of aphrodisiacs; and because of this rigidity, which is what is least desired, because he always remains in himself, a taste for freedom.

One of the biggest problems of the character armour is that it is sexual: it does not manifest itself in the same way in women as in men, because, obviously, the sexes exist and are complementary. Love can certainly be applied to whomever it wants, but it will be gendered anyway. When a person has a stubborn diaphragmatic character segment, this segment will not manifest itself in the same way in women as in men. Certainly both will retain, to block it, their breathing at the acmeic moment (Res-pi-rez!), but the concomitant contractions will not produce the same effects in one as in the other... nor the same *affective* result, linked to relaxation (oxytocin, says Michel Odent). In fact, the modalities of realization of the desire are different in one than in the other. As a consequence, one cannot ask the one what the other expects according to *its* form! And yet... it will be very tiring (at the beginning) but one must *failingly* avoid all violence of any kind whatsoever.

I alluded to this earlier: besides the educator's refusal of benevolent visual contact, his malevolence will eventually continue in the prohibition of self-satisfaction. In fact, what the educator prohibits is more precisely the orgastic trance of self-satisfaction, since he himself is incapable - because of fear - of accessing it (if he were capable of doing so, he would not care any more). If his desire (or *his courage*) goes beyond this prohibition, the person very often "feels guilty" (as they say: in this case, they take the blame of others on themselves) when they touch this trance, so as to want to restrict their contact with it. The person then feels pain and will tend to resignation. Here, two things can happen: either the person quickly understands that this pain is linked to the restriction that he, herself, brings to the climax of this trance; or he takes this pain into account and obeys it by an even stronger constraint, which is a mistake, of course. For in this case, she will have to show even more courage to re-appropriate the access to orgasm... and this is no small matter. In the worst case (about 35% of men and 40% of women), it won't happen: the armor is too rigid, breathing will not be able to find a sufficient amplitude.

But at the same time, when I criticize on the obverse, I give the reverse side out of transparency. Res-pi-rez! Breathe ! Know how to listen to yourself, don't run after the orgasm: it is HE who comes to you, not the other way around. Don't play at reckoning with HIM; never forget that it is HIM who must win. And if He doesn't get up, and you don't understand why, I'll have to rewrite my paper, and I'm sorry. Counting the length of life will bring nothing to death: it is better to feel it, to feel it, to feel it, to feel it, to feel it, to feel it, to feel it, to feel it, to feel it, to feel it, to feel it, to feel it, to feel it, to feel it. (this 13 « to feel it » are a bug of the deepl.com translator !!!!).