samedi 27 octobre 2018

Piloselle

Tu n’as pas dit : Enfin un homme qui s’occupe de moi, un homme qui s’attentionne à mon plaisir ; tu as dit : Il va encore falloir que je baise et subisse les maculations de mec.

Tu n’as pas dit : Enfin une queue en moi, qui bouge et m’émeut et dont je ressens l’émoi, me remue et remue ce tréfonds de moi qui demande le mouvement du soi ; tu as dit : C’est quoi cette bite qui m’agresse et qui, de plus, éjacule.

Tu n’as pas dit : Enfin un homme qui se perd en moi en toute ferveur et toute bonté, en don, qui me donne tout ce qu’il possède avec puissance et bruit pour moi, de son amour de moi ; tu as dit : Il est malade ce mec, expirons-nous !

Tu n’as pas dit : ce mec est génial : il s’occupe de moi pour que toute mon énergie l’accepte ; tu as dis : C’est quoi cette intromission et qui me pourfend de son sperme ?

Tu n’as pas dit : Qu’il est heureux de rencontrer un homme qui me ressemble enfin ; tu as dit : Putain je veux et ne veux pas et décide de ne pas vouloir communier, me donner à cette communion car je ne sais comment recevoir ses effets en moi, sa communication.

Tu n’as pas dit : Ha ! enfin un homme qui prend ma chair pour une transe sexuée possible et trouve à m’y emporter ! ; tu as dit : Restons dans le devoir amoureux et telle cette sexualité, trop de devoir !

Tu n’as pas dit : Cet homme m’aime ; tu as dit : Que dans quelle obligation me met-il, quel va être ce devoir auquel je vais devoir devoir ?

jeudi 24 mai 2018

Diversitudes

Les filles mettent du rouge à lèvre parce que ça les fait belles, mais aussi parce que ça les érotisent, ça érotise leurs lèvres et peut-être même leur bouche. On le voit surtout quand elle le passe. Mais ça reste de l’auto-érotisme bien éloigné de l’aphrodisiaque, en fait, une de sorte d’érotisme de pensée, sans raideur ajoutée ; un érotisme d'image qui leur permet de justifier qu'elle peuvent rester sages comme une image.

Elles font du porno parce que ça les érotisent aussi (autant que moi ?). Et si en plus on leur donne de l’argent, elles feront n’importe quoi. J’ignore pourquoi, mais c’est ainsi. Faut juste les maîtriser si elles sont goulues, c’est tout, parce que le porno, faut que ça dure un peu. C’est une façon de s’intéresser à ce qui se passe à l’intérieur d’elle, la recherche de l’auto-perception. Mais il ne faut pas que ça se sente trop non plus. C’est terrible une femme quand elle joue la comédie. C’est presque extrême, surtout quand elle est belle. Et aussi cet intérieur, ou plutôt, cette intérieur.

C’est quoi l’jeu ? Ce qu’on entend pas bien et ce con n’en tend pas assez.

Reconnaitre le traumatisme dont la résurgence est généralement violente, qui inhibe le don sexuel ou la quête de la réalisation de ce don, n’est vraiment pas facile, alors on va voir ici et là ce qui peut vous le rappeler (films, romans, concerts de musique, etc.) de sorte qu’avance à pas de limace la solution (une limace, c’est efficace pour manger les pommes de terre).

Le talentueux plaisir de l’étalon est de l’étaler pour l’épater. L’étalon du talentueux plaisir est de l’épater pour l’étaler, comme ça tout le monde est content.

On peut être pris de pitié pour ce pauvre monde, il se dégrade, le voit, le sent sans le percevoir. Ainsi, ne reste pour nous que la désolation et on reste désolé, car à un tel état d’avancement, on ne peut plus rien, sinon à prolonger son agonie pour parfaire sa dégradation. Mais, même cela, je ne sais pas le faire : à croire que je ne suis pas de ce monde (c’est une manière de dire que je n’y ai aucune efficacité, restons modeste).

Je suis né en France, de parents français. Ce qui m’a donné l’occasion de parler la plus belle langue que je connaisse : le français.

La vie humaine est vraiment dure : le manque d’argent pour 91 % des gens est terrible. Et bien souvent, cela réduit, surtout la femme, à son sexe l’humain qui sera vendu au plus offrant. Car le *jeu* en fonction de la demande d’adaptation n’est pas donné à tous, ou toutes, pour en tirer un profit, aussi, de plaisir, dans des circonstances aussi pauvres.

La pornographie ne tient que sur le fil de cette idée selon laquelle la femme n’a pas de légitimité à vivre du plaisir de son sexe, du creux qu’elle est. Elle sait bien que c’est SON creux la tirelire extralocalisée du plaisir de l’homme... et du sien. Le fantasme couche sur cette litière que la femme ne peut avoir du plaisir que dans la souffrance de la relégation  et de la dénégation. C’est bien évidemment faux, mais ce manque dont je parlais à l’instant, correspond au manque d’amour incarné qui se cristallise dans l’argent, les « tokens ».  Dans un tel monde d’anesthésie générale, la beauté devient pour moi une torture : l’hypogastrique que j’aime tant, je dois le trouver dans le pudendal, et je m’en trouve parfois désolé. Ce monde manque de profondeur, mais je fais tout de même de jolies chansons...

La femme est ballotée entre son hypogastrique (dont elle doit recevoir d’amour de l’homme, ou le sien) et le pudendal qui lui ouvre toutes les portes des possibles de jouissance. À la rencontre près, tout bascule ici ou là. On voit bien que trop souvent la femme est contrainte au pudendal quand elle veut ressentir les émotions de l’hypogastrique. L’homme dominant veut imposer sa loi et la loi (qu’en qu’en dise Freud) est anale.

Quand je dis que la femme est un creux, je veux dire qu’elle s’identifie au creux... que pourrait-elle faire autrement sinon qu’un schéma tordu ? Le plaisir du creux, d’elle, de ce creux est de recevoir, de prendre, d’y être introduit et d’en sentir un mouvement et de s’y abandonner, libre des sensations que lui procure ce creux. En tant que creux, la femme prend ce qui la remplit là où elle est remplie. Cette qualité de la femme sera d’autant jouissive qu’elle y participera (à moins du viol, ce qui est fréquemment le douloureux cas) d’avance, qu’elle acquiescera à l’événement, acquiescement valant approbation et participation active. Car, en fin de toute chose, la femme recevra, et elle sait que c’est là sa destinée. Il faut, à l’homme, qu’il sache ressentir le plaisir qu’il dit donner à la femme : bien souvent, c’est falot. Il n’y a pas de détecteurs spéciaux capables de ressentir le plaisir masculin alors qu’il éjacule dans l’anus. Quand la femme’ « jouit » de l’intromission annale, c’est un paramètre de « destinée », d’être creuse, le creux, ce creux qui reçoit : ce monde manque de profondeur.

M’enfin, pour moi qui ait donné ici et là, c’est banal que le geste sodomythique : il manque cette largeur à laquelle, du bout du gland, on accède qui vous donne la sensation d’atteindre le gigantesque du cosmos, avec toutes ses étoiles et leur mouvement. Une sorte de perte joyeuse, d’accès à l’immense. N’est-ce pas cela qui est l’élastique attractif du plaisir ?

En fait, l’impuissance de l’homme, impuissance qui l’effraie tant, est le reflet de ses possibles dans le miroir de sa peur. Il ne veut ni voir le miroir, ni percevoir ce qu’il est : ce qu’il ne voudrait pas être. L’homme utilise à l’excès cette disposition de la femme à l’amour qu’elle éprouve pour son sexe, et les émotions qui y sont liées. Il veut une esclave alors qu’elle se perçoit (à moins de violence manifeste) une collaboratrice : le plaisir est ce qu’il est : du plaisir. Et elle montre, en ceci, bien plus (au centième !) de *jeu* que cette pauvre bite qui ne sait que donner que ce qu’elle a (et moins encore de ce qu’elle éprouve en sous-main) et pour si peu de fois !

La fantasmagorique confrontation du plaisir mâle et femelle se retrouve, à la réduction du bouillon des imaginaires, une simple incapacité au don de soi. Bien évidemment, je ne bégueule pas la fantaisie, loin de là ! À ceci près d’une correspondance, dont la pornographie use et abuse, du féminin comme évidence obligatoire (semblable à l’ordre du syndicat de cesser la grève).

S’il y a une réponse à la question de savoir ce sur quoi vous avez, de votre vie, le moins culpabilisé, je réponds immédiatement : « D’avoir reluqué le cul des femmes ». C’est la plus belle chose au monde qui soit donnée au regard : le cul des femmes. Bon, les seins... oui, bien sûr et cela n’incorpore pas le *visage* puisqu’on la voit de dos, mais là : point de coulpe ! Le cul des femmes, immobile ou en mouvement, nu, leur vulve si étonnante et pourtant si d’une évidente particularité, si peu au fait de sa réalité physiologique, est le plaisir des dieux qui m’habitent. Le femmes savent ce qui « excite » l’homme, c’est leur sexe ! Nous devons plutôt présenter comme un déboire que les hommes ne savent pas ce qui « excite » la femme et en ceci il a à apprendre. Pour celle qui en sait, elle en sait bien plus sur nous que nous sur elle. Qu’elle soit grosse, laide, etc. elle saura faire monter la sève à l’homme, tandis que le mec, lui, n’a pas plus à proposer qu’un semblant de retard à son plaisir. Nous aborderons après nos tempêtes, les rivages du jeu érotique féminin.

Pour l’heure, j’affirmerais plutôt que le jeu érotique féminin est fortement emprunt de celui de l’homme. À la vérité, j’impose d’emblée que le plaisir hypogastrique est le summum du plaisir... on en fait ce qu’on en voudra. On peut entrevoir ce questionnement stupide, puisque, précisément, l’érotisme féminin vise la masculinité ! Oui, bien sûr. Ce que je veux dire est que l’érotisme féminin, bien que lié par essence à celui de la masculinité, laisse percevoir des « particularités » véritablement spécifiques dont, nous, mâles, devrions , parfois, tenir compte : il s’agit d’une collaboration au plaisir selon la femme qui n’attend que nous. Néanmoins, il y a des ramifications dans lesquelles, que ce soit moi ou elle, nous errons... et loin de la violence. Résidera ici une force, autant émotive qu’émotionnelle, autant captivante qu’enivrante, à laquelle on s’enjoint de don et d’abandon. C’est en cela que la vie réside, selon moi.

Il y a un payant à l’érotisme féminin. Dans quel contexte ? On dit que cela vient des temples anciens. Bof : il y a un payant à l’érotisme féminin. Ce payant est qu’elle fonde de plaisir, sinon ce sera d’argent. Mais lorsque le mâle se voit attribué par les us et coutumes plusieurs femmes, celles-ci sont généralement satisfaites de leur sort (ou au moins, elles le montrent), parce que l’idée est vivante en elles qu’elles doivent satisfaire à ce qui leur est demandé, et ce « vivant » elles l’accouchent à chaque instant.

Initialement, selon mon expérience, le féminin est doué de l’orgasme masculin... selon moi. Encore que cela ne se réduise pas à l’orgasme masculin, mais à une grande variété de plaisirs particulièrement intenses spécifiques à son sexe qui est mieux pourvu, toujours selon moi, que le masculin. Il y a un moment (à tord ou à raison) que je prédispose la femme, aussi, à ce genre de plaisir envoûtant. Le bénéfice et l’obnubilant de la femme, que ce soit sous la forme du don, de la beauté, de l’absorbant, de ne-pouvoir-pas-être-autre-que-je-suis, présente quelque chose d’intolérable dans cette société, cette organisation sociale... qui manque de profondeur.

Faut que j’arrête les délires comme hier soir : ça sert à rien, peu lisible et ça n’intéresse personne : j’ai l’impression d’avoir dit des trucs, mais en fait j’ai rien dit, sinon des banalités sans culotte. Et oui, on ose appeler une salope une femme qui aime les plaisirs aphrodisiaques ; paradoxal, non ? Aphrodite devant se déculpabiliser de ses charmes pour avoir décuplé d’eux des plaisirs incarnés...

mercredi 2 mai 2018

Le mac si rond bulle de savons-nous si

Après une première année où il avait une sorte de champ libre du fait de son caractère qui se présente comme novateur (uniquement pris sous la forme d’un nouveau) Macron se voit de plus en plus confronté à la réalité qu’il n’avait envisagé que sous la forme qu’il proposait : le besoin de « novation ». La réalité n’a rien à voir avec la « novation » (il parle de « réformes »), mais bien avec des problèmes concrets que le capitalisme soulève depuis la mort de mai 68.

Macron laisse à penser que la novation serait la solution aux problèmes du capitalisme alors qu’il n’a pas encore réussi à circonscrire le problème que soulève le capitalisme : la mort, que ce soit des relations entre des êtres vivants ou celle de la nature, par cette continuelle « innovation » qu’est la seule technologie (une forme de mécanique, d’ordonnancement de rouages, qu’elle soit nano ou bit, qui a même une quantique). Et comme l’a dit un vieux sage cocaïnomane : « Le réel revient toujours au galop » en matière de refoulé. Mais quand le réel reste méconnu, il est destructeurs par ses symptômes. Quand elle ignore son voisinage, la technologie détruit l’environnement.

Macron veut moderniser les rapports du capital avec la population, mais ce faisant, il ne fait qu’augmenter la distance entre son rêve (voir le capital enfin dans un bateau qui va selon ses besoins : l’accumulation) et la réalité : le pouvoir destructeur qui va crescendo par accumulation de ses méfaits, à la mesure de « son » accumulation de représentation de valeur, la monnaie.

Macron veut poursuivre sans fin l’accumulation du capital toujours en reniant que cette accumulation est nocive, non pas seulement à son voisinage, mais à l’ensemble du monde. Il se veut celui qui va sauver le monde du capital en anéantissant le monde vivant. Il voudrait surtout que nous soyons d’accord avec ses vues – qui ne sont qu’un rêve du capitalisme, que son rêve –, c’est-à-dire que nous ne trouvions aucune remise en cause de ce système, du capitalisme, lorsque le capital ne tient que sur le rêve d’un espoir de gain toujours renouvelé (c’est d’ailleurs précisément ici que se situe la valeur : « dans la plus-value », et nulle part ailleurs, ni dans le travail concret ou abstrait, mais dans « l’espoir de gain » ; la valeur – au sens palim-psao – ne réside QUE dans l’espoir de gain, dans la « plus-value » qui en est la concrétion).

Pour Macron, le salariat (le « travail ») ne reste pas comme accessoire indispensable à l’acquisition ou la fabrication de valeur, mais une « occupation » des gens à ne rien contester, ne rien penser pratiquement de l’existant. Macron, comme la disparition de l’argent par le contact étherique d’objets, retourne ce que est le propre de l’animal, « l’occupation », dans une dénaturalisation consistant à faire « travailler » les gens à ne rien faire de valable, ni pour soi, ni en soi, ni par soi, ni pour les autres. Cette occupation du temps permet de ne pas laisser la mesure à la pensée de s’expanser selon sa mesure, de sorte à ne rien critiquer de ce que l’on vit qui consiste à ne rien penser d’autre que ce qu’on vous donne à penser. Ce n’est pas parce qu’on veut leur donner du travail, mais pour « occuper » les gens, qu’on tente de réduire le chômage. NDDL est le genre même d’occupation qui donne à penser, à réfléchir en commun et cela n’est pas tolérable, cela ne correspond pas à « l’État de droit », la rectitude du capitalisme : l’espoir de gain y est renié, dénié, supprimé.

Macron se trouve donc confronté à la réalité, je veux dire la réalité de ses rêves et cela s’annonce dur pour lui. Pour avoir un rêve aussi immature consistant à conserver le capitalisme dans son accumulation de nuisances, même avec un petit peu d’écologie, il faut être immature, environnementalement immature, ne coopter que son riche voisinage sans se préoccuper de l’environnement. Cela ne peut se poser que comme obstacle à cette « innovation » et, doté d’un tel auto-obscurantisme, Macron ne pourra que devenir de plus en plus « droit » (raide, triquard) avec cet environnement humain, négatif, où s’accumulent, comme les plastiques divers à l’étouffement de la vie, ces nuisances. Macron agit de sorte que l’occupation qu’il fait et donne aux gens soit suffisante et nécessaire pour que son affection pour le gain soit satisfaite et qu’il puisse retirer de l’approbation du voisinage qui le coopte, les gratitudes et la reconnaissance qu’il en attend.

Le « fétichisme de la marchandise » est cet « espoir de gain » et ne consiste qu’en lui. Pour l’espoir de gain, tout sera outrepassé, la démesure sera la règle obligée (même en poussant le soupir du « hélas ! »), ce qu’on aimerait à vivre en tant qu’humain n’existe plus, sinon que comme accessoire publicitaire. C’est la « plus-value », sa recherche et sa concrétion dans l’argent, le fameux « + » de la formule de la transformation de l’objet en marchandise de Marx. Macron ne comprend pas que le capitalisme est l’acquisition correspondant à la seule et simple recherche d’accumulation en correspondance avec cet espoir de gain, de sa recherche et de son accumulation sous forme d’argent, de cette sensation de richesse coagulée dans le minéral. L’espoir de gain est insatiable.

Macron se moque des contestations du prolo, elles font pour lui partie des impondérables, des « dommages sociaux collatéraux ». Mais il va se trouver en butte devant la matérialité de ses rêves : un espoir ne reste qu’un espoir et, même s’il demande la participation plus ou moins active de tous, il ne l’est pas pour tous. C’est au dérisoire de cet espoir qu’il va s’affronter et il va mettre sur le dos des contestataires cet inaccompli qui va apparaître après que les vapeurs de son élection se dispersent dans le vent du futile... espoir. Les conditions de la matérialisation des espoirs de gain qu’il porte en étendard, n’existent plus... et elles sont de plus en plus délétères, plastiques. Il ne veut pourtant rien en savoir, car un espoir est intraitable. On sait qu’un espoir déçu mène à la violence.

Au surplus, son spectaculaire est abâtardi par ce désir d’aller de l’avant. Le besoin de transe qui doit être satisfait pour emporter le maximum d’approbation, doit éviter le manque d’incarnation. Macron brûle les étapes pour ne plus rien laisser qui sustente les rêves d’un meilleur. Il réduit les pensées à admettre que le moins bon est un meilleur : il fait table rase du passé. Il ne parle pas aux gens, mais à ses coopteurs, ou bien à des marionnettes. Il se trompe : les marionnettes sont sur scène, pas dans la salle.

Le capital ne peut se gonfler que par la consommation, le travail abstrait n’étant pour lui qu’un accessoire. Tant qu’il n'y a pas d’acheteur, il n’y a pas de réalisation de la plus-value du travail « abstrait ». L’abstraction du travail, la plus-value, est l’achat. Ce n’est pas la vente qui fait la valeur, mais l’achat. C’est la consommation. Effectivement, je pêche dans le sens où l’argent génère de l’argent à la bourse, mais c’est bien l’espoir de gain qui fait acheter des « valeurs » au cambiste. et cet espoir de gain se réaliser dans la vente, c’est-à-dire dans l’achat par une tierce personne de ces « valeurs », de cette marchandise. La marchandise n’existe que dans l’achat, et non pas la vente, d’un objet. Si il n’y a pas achat de l’objet, il n’y a pas de création de valeur. J’imagine : je vais acheter un objet dans l’espoir de faire un gain alors que je vais le vendre, c’est-à-dire qu’on va me l’acheter plus cher que je ne l’ai acheté moi-même. Il faut un acheteur pour réaliser l’espoir de gain. Le rôle de la publicité est d’entretenir en liesse cet espoir de gain, fut le consommateur le dernier du processus marchand déçu par ce qu’il a en main. À ceci près que si le consommateur est le dernier maillon du processus marchand, la marchandise s’achève dans une poubelle, le plastique qui l’a emballée dans les océans quand ce n’est pas l’ensemble qui finit dans un dépotoir sauvage ; et je ne compte pas la plus-value qui dégouline de produits chimiques répandus au cours du processus de fabrication de cet objet dans l’environnement et des déchets (résidus de fabrication) dont on ne sait que faire. L’espoir de gain qui est l’eau, le carbone et l’azote de la plus-value, est, dans le processus marchant, un « bénéfice personnel dont on jouit » de la marchandise, de la plus-value réalisée en minéral, en argent.

Ma thèse est que l’abrutissement du fétichisme c’est l’achat : si, par son bagout, le vendeur vous met en transe, c’est que vous y participez par espoir de gain, de jouissance publicitaire. Je pourrais dire (et pourquoi ne le ferais-je pas ?) que la valeur (la plus-value réalisée) est l’inconscience ou l’irresponsabilité de celui qui achète ce qu’on lui vend, que ce soit un salaire, un service corporel ou une brioche industrielle. C’est ce que je disais : encore faut-il en avoir conscience. Car cette valeur, cette réalisation de la plus-value ne vaut que par l’achat, sinon ça tombe à l’eau et ça fait plouf. On va me dire : « Mais on a besoin d’acheter ! »... là est la question. Même si on se place en bout de la chaîne « espoir de gain-fabrication-publicité-vente-publicité-achat », c’est l’espoir de gain, arrosé de publicité, qui vous y positionne ; et l’épingle est la publicité.

Ce que Macron ne peut pas comprendre, c’est que le capitalisme est fini et que, soit il nous emporte avec lui dans sa mort environnementale, bureaucratique et policière, soit nous le supprimons en évitant au mieux de nourrir sa folie : l’espoir de gain qui est une disposition d'esprit vis-à-vis du monde. Ce n’est pas l’accumulation du capital qui tuera le capital, mais la conscience de l’accumulation des nuisances provoqués immédiatement par cet espoir de gain. Va falloir revoir le logiciel de base, ou le paradigme, comme on dit ! et définitivement.

Bien que les revendications des gens sont immédiatement en relation avec l’existence du capital, Macron ne comprend rien, absolument rien, à leurs réclamations, non qu’elles le dépassent ou qu’il s’agit pour lui d’un autre monde, mais qu’il ne peut en imaginer la teneur, les exigences, l’indispensable, la chair. Bon... il a quelque part raison, puisque cela ne changera rien aux nuisances du capital que les retraites soient à 55 ans, le temps de travail de 28 heures payées 39 et les remboursement de la Sécu revienne à 100 %, timbre poste compris. Ce sera donc les prolos, une fois encore, qui vont devoir chambouler le monde, mais ce coup-ci – il ne peut en être autrement, à moins de mort – en dévastant ce capital sur sa base : l’espoir de gain, générateur de plus-value et sa valeur minéralisée, l’argent.

jeudi 29 mars 2018

Braquage à la terreur

Il y a quelques 10 mois, dans mon avant-dernier billet, lors de l’intronisation du président dernier, j’avais prédit que l’usage du terrorisme pouvait laisser présager des difficultés sociales pour celui-ci, en ce sens où la contestation de ses actions deviendrait prégnante. Nous y voici.  Au lendemain d’une énorme « mobilisation populaire », v’là t-y pas qu’un terroriste sort du bois ? À sa convocation à la DGSI, un autre suicidaire a titillé des gendarmes afin d'être absolument certain qu’ils le suivent jusqu’à un supermarché. Là un gradé (comme on dit) se substitue à une otage et en meurt. On tue le terroriste de sorte qu’on ne lui laisse aucune parole (la peine de mort, prérogative de l’État, a été abolie depuis une trentaine d’années, il me semble). On a organisé à grand cris et à grands frais, l’éloge du perdant pour en faire un héros, au cas où cette population ne pourrait pas s’identifier à ce perdant (mon avis est qu’il aurait été un héros, s’il avait gagné, mais je dois faire attention à l’apologie du terrorisme, alors que l’objet de mes billets est de montrer qu’il n’est pas innocent, ce terrorisme). C'est comme pour Areva, le « champion du nucléaire EPR » qui doit payer aux frais du contribuable, pour exister : on doit incruster dans la tête des gens que ce sont eux, les perdants, les héros. Dans l'apologie de ce héros, comme dans le nucléaire, nous sommes en constante sur-enchère du pire, du perdant (du perdu d'avance !) et c'est une disposition d'esprit de cette société.

On a failli mettre en prison des contestataires, l’un pour dire que des flics, c’est pas toujours très beau (comme le demandait à sa maitresse un gamin à propos de la minute de silence imposée : « et pour l’autre qui a été tué par la police, il y a aussi une minute de silence ? », puisque lui aussi il est mort... le perdant-héros c'est celui qui est du côté des moins méchants) et l’autre de dire qu’un boucher est un boucher, et un de moins, pour elle qui est « végane », c’est pas plus mal. L’intelligence des procureurs est de stipuler qu’il y a là deux apologies du terrorisme, pour bien cercler les pensées. Et tout le monde, d’une voix bien tonitruante, d’approuver et même de demander plus de sévérité.

Cela va-t-il ralentir la contestation populaire ? Je pense que oui. Souvenez-vous lors de l’instauration de l’état de siège de la population, oups, l’état d’urgence... les arrestations préventives au désordre public... Aujourd’hui, de dire des bêtises sur un twitt ou une page FB mène à la prison... pour « apologie ». On a eu un politique de demander la ré-instauration de cette puissance discrétionnaire de l’État sur ses citoyens, en plus dur encore... mais c’était osé, tout de même, se remémorant que la plupart des dispositions policières sont passées dans le droit et qu’on ne sait plus vraiment où il y a de la place pour en immiscer, même en forme de coins enfoncés au marteau de l’Assemblée, de plus sévères, puisqu’on gouverne maintenant par « ordonnance » : j’ordonne ! Ce n’est plus « Garde à vous ! », mais « Garde à vue ! ».

L’apologie ne doit répondre qu’au capitalisme qui cache derrière son petit doigt le patriarcat en mouvement. Kapital uber alles ! (je ne l'ai pas dit en arabe) Ce que cache le patriarcat est la sur-valeur : c’est cet espace entre deux états de la marchandise où elle acquière un PLUS qui est précisément son objet et en fait la consistance. C’est ce « plus » (que j’ai nommé il y a longtemps « l’espoir de gain » sans me douter de la précision purement affective et compensatoire du terme) qui doit être présent dans toutes les têtes, qui se désagrège, car son inutilité correspond avec autant de précision à la dégradation de nos amours, de notre confort social, et de notre environnement, de l’Environnement dans le quel nous vivons et qui est dans un état déplorable en empirant.

Ricardo a démontré l’existence de cette sur-valeur ; Marx en a spécifié le caractère fétichiste (une approche de la transe) ; Freud a rétabli la transe (l’association libre) mais contrôlée ; Reich a montré que la transe satisfaisante est celle qui reste hors contrôle et convulsive ; Debord a montré que la transe spectaculaire est la plus fausse de toutes les transes ; le terrorisme est le couperet de nos transes, comme la sur-value, recherche qui ne peut-être que folie, de la plus-value aux objets et aux êtres. De sorte que notre « intérêt » à la vie ne passe plus que par les objets, nous qui sommes des êtres de transe, de poésie, de musique, de danse. La sur-valeur est la minéralisation de la transe, retrouvée dans la dureté de l’argent, les taux d’intérêts, la police, l’État. La dégradation de l’Environnement est pourtant si immédiate que rien n’est fait : tous vont au travail, à la création de cette sur-valeur, de plus-value que nul ne maitrise, ne dompte collectivement, ne discute de l’usage ou des inconvénients, de la pollution que ce travail génère, que cette plus-value implique inévitablement. Il ne peut y avoir de « plus » matériel dans un monde fini. Il nous reste l’immatériel à conquérir !

Quand on sait que le nombre de bars a diminué de dix fois et que le taux de solitude a augmenté de deux (passant de trois à six millions de personnes se disant seules) alors que les « réseaux sociaux » ont conquis tous les interstices de cet espace public, on constate NOTRE perte ; non pas seulement du fait qu’ils disciplinent les pensées, mais qu’ils servent d’autant d’outils policiers ; comme cette « intelligence » artificielle nous laisse à penser que le minéral (silicium, germanium, etc.) nous surpasserait en matière de VIE... celle qu’on perd à mesure de son envahissement de la vie organique. L’ « IA » est un moyen bureaucratique et policier perfectionnés, c’est-à-dire, un « J’ordonne » et des « garde-à-vues », une minéralisation supérieure de la vie organique. L'espoir de gain doit recevoir son épithète : maladie affective à caractère social. L'IA est la surenchère publicitaire de cette société idiote.

Cette perception d’une vie plus intense ne reçoit aucune complaisance de l’État et il emploiera les moyens qu’il se donne pour la taire, ou la terrer. Ce ne sera que sur une critique serrée de la plus-valeur, de la sur-enchère ou de la sur-value comme minéralisation de l’affectivité humaine qu’il achoppera grave quand elle se retrouvera dans toute son organicité. Et c’est ce que je souhaite.