dimanche 11 décembre 2022

L'erreur de l'Anomalie

 C’est un lieu commun que de dire qu’on nait dans un monde de fou.

Pourtant je vais me répéter et dire que je suis né dans un monde de fou.

On ne s’en aperçoit que relativement tard, par touches progressives qui d’abord se dissolvent dans le temps, pour ensuite s’accumuler par entassement et faire un gros gras dans la cervelle à la manière d’un parasite dont on a des difficultés à se débarrasser parce qu’il devient si important que finalement on est obligé d’admettre qu’il est là, qu’on est né dans un monde de fou.

C’est vers l’âge de trois ou quatre ans que les premières piques de ses incohérences ont commencé à se manifester comme une étrangeté difficile à cerner. On prend cela comme une algarade, peut-être une gêne certainement, une incompréhension assurément manifeste, mais dont la prématurité intellectuelle ne permet pas encore de comprendre les arcanes. Aussi est-on bien obligé de laisser passer, de prendre sur soi et de stocker ces incohérences quelque part dans la cervelle dans l’espoir de peut-être un jour expliquer ce genre d’incongruité. Et une grande part de cette folie, tout le monde le sait, se manifeste tout de suite par des « Ne touche pas à ça ! ». et ce « ça » bien sûr, ce sont les organes aphrodisiaques. Mais pas que !

Depuis ma plus tendre jeunesse, je n'ai pas été satisfait des explications qu'on me donnait du monde et me suis employé à en trouver de plus probantes. Quoi ? allez vous me dire, un branleur – qui ne s’est encore jamais branlé – va-t-il remettre le monde en question ? Hébé oui : La vie telle qu'on me l’expliquait ne me convenait pas et contenait un tel grand nombre de contradictions parfois idiotes, parfois hors sujet, souvent à l'emporte pièce, que je ne pouvais m'en trouver satisfait. Le problème princeps chez moi, c’est, on le voit bien, la satisfaction à la fois comme résumé du moment en tant que somme d’un historique dans son mouvement – son passage – concordant, et la conclusion libre d’une aventure.

Il y a un SUJET entre le monde et celui qui le vit, et une DESCRIPTION de cette relation de laquelle on jouit du fait qu'elle correspond, en MOTS (ça s’appelle la POÉSIE) à ce qui vous vivez. Au départ, les mots sont incomplets, incertains, sinon douteux et surtout INSATISFAISANTS. On vague donc sur une mer en tempête où les CHOSES qui flottent sur l'onde vineuse ne vous donne ni appui, ni secours, et quand cette eau en impétueux mouvements, pourtant, ne vous refuse en rien de vous secourir en vous permettant de flotter selon sa liquide substance.

Et pour cette société absurde, idiote et bornée, le pire est que l'enfant, quand il grandit et persévère dans ses interrogations, trouve des solutions VALABLES, BIEN PLUS valables que celles que cette société donne à la vie qu'elle propose de vivre, chichement, étriquement, médiocrement, économiquement, absurdement !

J'ai, comme tout un chacun, toujours été intriqué par la notion de "dieu". Et, à la fois, par la petitesse, l'exiguïté et les restrictions sociales du dieu qu'on me présente ici et là, circonciseur du cœur ou du prépuce, et surtout exciseur, le connard d'enfoiré de prêtre ou de prêtresse. Dieu ne m'a jamais dérangé mais son idée demande une explication. Serait-il le résultat d'une pensée qui n'a PAS vécu, ou mal, qui a mal vécu sa relation au monde qui nous accueille ? Oui... dieu est aussi con que cette relation que l'humain qui y croit entretient comme relation au monde. Quand dieu (ou des dieux ou ses dieux) est con, c'est que sa relation au monde l'est tout autant. Mais les gens ont besoin d'un tel concept de dieu... et pourquoi ? Ben... parce que LEUR relation au monde est guingoise : ils en ont oublié un aspect, ou bien l'on caché ou bien l'on dégradé, du monde qui ne leur permet pas d’appréhender DIEU dans sa totalité... ce qui signifie que, pour moi, ce dieu dont ils se targuent, est un boiteux, comme Abraham et Jésus Christ.

Dieu n'est pas véritablement un problème lorsqu’on l'a découvert : nous sommes dotés de, disons, cinq sens, sans doute plus, mais ils ont tous été parfaitement répertoriés. Sauf un : le sens du fait de vivre, et c'est ce sens – celui de se sentir vivant ! – qui correspond de trop loin au sens de DIEU : le sens de dieu ne peut se révéler que lorsque que l'ensemble des sens sont en harmonie, se frottent les uns contre les autres pour donner une musique céleste.

ET nous portons au loin de nous ce dieu car nous ne saisissons pas ce sens de la vie en nous. Dès lors que nous saisissons la vie frémir en nous par ce sens ignoré et harmonieusement compilatif, Dieu EST en nous, nous sommes dieu, loin de toute revendication violente ou vindicative, car cette SENSATION interne et frémissante de dieu nous incite au partage de son immensité, encore que cette immensité reste TERRESTRE, d'ici-bas, de l'immédiat : DIEU n'est qu'immédiat, ni antérieur ni à venir : il est la VIE, la manifestation du vivant, et le produit délirant d’interprétation de l'esprit humain.

Arrivé très tard dans la vie, le point d’achoppement de ma vie sociale est que je n’ai aucun dogme... ce qui signifie que tous les dogmes avant ou présents sont stupides (au sens absolu du terme), car ils ne spécifient qu’une grave incompréhension de l’EXISTANT. Beaucoup courent après ce qui coure dans la recherche de certitude dans le cosmos profond quand TOUT se passe ici-bas. Il y a de magnifiques PHOTOS de l’espace profond (ce qui signifie LOINTAIN) desquelles ont déduit une grande quantité de déductions quantiques ou relativistes qui NOUS permettent de nous situer dans cette VIE sans qu’on en saisisse l’étincelle. Un bon nombre cherche encore à certifier le « dieu » qu’ils ne perçoivent pas en eux, en tant que GRANDEUR. Ils veulent MESURER la grandeur de dieu ! quand dieu n’est que la sensation de leur être EN VIE. Ils sont si petitement perceptifs de ce qu’ils sont qu’ils mesurent à cette petitesse la grandeur d’un univers qui les accueille, les comble de ses bienfaits, à même de leur procurer la satisfaction de se reconnaître comme EXISTANT et d’en requérir une satisfaction !

Le film pelliculaire de la sensation de dieu est très fragile et un rien peut lui faire entendre que la déchirure qu’il subit est un ORDRE alors qu’il subit son extinction rutilante. Le film de l’entendement de cette sensation qu’on puisse porter un mot sur la sensation de se sentir intègre et de correspondre au monde, est si fragile, qu’un rien le déchire dans la perte de l’harmonie de ce ressenti du monde vivant qu’on traverse. Ce film me fait penser à l’hymen que tous ces fous-de-dieu, calottés ou circoncis (deux classes, svp)... les cons : il leur faut *déchirer* l’hymen. C’est, par le biais, le sujet de cet article qui veut présenter leurs assertions comme des prétextes dérisoires, futiles, religieux, à leur impuissance de ressentir AVEC AUTRUI ce plaisir inhérent au cours du monde que traverse notre dieu.

Dire que dieu est l’omnipotence, l’universel et l’incommensurable, c’est dire qu’il est la vie, la VIE. Se le représenter comme une entité située en dehors de soi, de la vie, c’est admettre que le sens de la vie vous manque, puisque la vie c’est aussi soi. Chaque être vivant, c’est à dire qui pulse, qui respire, est une fraction de dieu à part entière ! c’est une fraction à part entière de dieu. L’anomalie quant à la généralité de l’autoperception de chacune de ces fractions que nous constituons, nous permet, à nous, de nommer cette sensation de dieu qui est en nous, à ceci près que le mot employé ne nomme que ce qui est extérieur à cette fraction à part entière de dieu, car ce mot imparfait nous SÉPARE de cette sensation. C’est ainsi que cet « à-côté » dénote le problème de la violence idiote humaine, car cette fraction sensible ne l’est plus : elle est insensible à l’universalité, l’incommensurabilité et l’omnipotence de dieu en elle et cela la rend VIOLENTE. La dégradation de la sensation de la vie perçue par elle-même – que nous nommons dieu – ne permet plus de se sentir intégré, en tant que fraction à part entière, à un ensemble duquel on retire le plaisir du mélange.

Cette SÉPARATION se pose quand la question revient à une auto-perception de l’âme : dès lors, cette sensation est extérieure. C’est une fâcheuse habitude consécutive à une éducation obstinée dominée par la peur des sensations : l’humain vomit la peur qu’il éprouve de ses sensations sur sa progéniture de sorte qu’il est des plus difficile pour cette dernière ou bien d’ignorer ce processus – ignorance qui permet de jouir de ses sensations – ou bien d’en réchapper quand elle a été contaminée par cette lèpre affective. Il n’y a pas de problème de l’âme tant que la sensation de l’âme est vécue, ressentie et qu’une extrême prudence liée à une expérience qui confine à l’âge, permet de la décrire, en toute sérénité, sans la déformer, la tordre, la contorsionner des avanies qu’on pourrait résumer sous cette simple phrase : La peur de se perdre dans le cours du mouvement et conséquemment par son côté éphémère. Il n’y a pas de problème de dieu, dès lors où tout ce qui pulse trouve sa légitimité dans le monde (de ce que nous appelons) vivant, sa simplicité et sa complexité à la fois, du fait que nous sommes porteur d’une anomalie que nous a imposé la nature, qui est de mettre des mots au vécu.

Tout ce qui vit a une âme, évidemment, puisqu’il vit et est une fraction à par entière de dieu, quand ce dernier englobe l’ensemble du monde vivant. Les pulsations du monde vivant diffèrent, que l’on soit *organique* ou *minéral*, sans plus : les premières sont immensément plus rapides que les secondes. Dieu est pulsation, et nous en sommes une fraction à part entière ; la perception intérieure que nous avons de cette pulsation *autonome* est l’âme, une fraction pulsatile à part entière de dieu. Les autres animaux le vivent, nous, nous nous devons de la nommer, du fait de cette anomalie dont je parlais à l’instant.

Mais une immense majorité des animaux humains (ceux que la nature a doté de l’anomalie de nommer le monde... ce qui n’a pas ailleurs aucun intérêt du point de vue du VIVANT, sinon que pour eux-mêmes afin d’en jouir, je suppose...) a peur de SES sensations... disons qu’elle en a peur jusqu’à un certain point qui est un maximum collectivement admis – de la sensation qui est perçu par le Soi-propre ! – qu’elle ne DOIT PAS dépasser. Ce qui pose deux problèmes : quelle est l’intensité SOCIALE admise aux sensations (et en conséquences quelles en seront les transgressions possibles puisqu’un tel minimum insatisfera un certain nombre de vivants, individuellement ou collectivement) ; et ensuite comment va la société organiser l’acceptation, la pérennisation et la *sclérose* de ce MAXIMUM qu’elle se doit d’admettre (genre : religions ou organisations politiques) comme matière pratique (praxis) de l’intolérable. Et tout ça, dans un monde immense qu’on mesure par le calcul et l’estime (résultats concomitants de l’imagination – les mots) dont on parle comme réalisation de dieu où nous sommes chacun et chacune détenteur d’une fraction de son âme, de la PULSATION ! Ce dont l’humain a peur (et un mot est un mot) c’est de la pulsation de son âme : pour s’en défendre il et elle va couper le prépuce de ses bambins, exciser ses femmes, ignorer ses déchets, inventer les prisons, enfin... un tas de conneries dont on se passerait bien pour pouvoir jouir de cette pulsation tranquille !

L’animal qui met des mots sur quasiment tout ce qu’il vit – sans pour autant discriminer l’opportunité de tel ou tel mot comme correspondance avec ce qu’il vit – plus ou moins aime ou haït plus ou moins la SENSATION de sa pulsation INTERNE dont il a perception sous la forme de ce qu’il nomme « âme » en CORRESPONDANCE avec dieu – enfin... ce qu’il en a bien voulu en décrire, genre : barbu vociférant, miséricordieux, magnanime et pourtant impotent face à la malveillance de ses créatures ; l’idiot humain, en somme ! Ce n’est pas dieu que je traite d’idiot, idiot, mais toi ! Je ne dis pas que dieu doit recevoir adulations, offrandes propitiatoires et repentir impuissant (... à correspondre à sa pulsation), je ne dis rien de tout cela : dieu est en Soi : un fraction à part entière du VIVANT... et toutes des bêtises propitiatoires, tes repentir et tes adulations ne sont que des négations de l’EXISTANT de dieu : la VIE.

L’humain mâle et femelle a peur de la Vie et principalement de sa PULSATION. Il n’y a pas de vie sans pulsation : même le *minéral* pulse, à sa manière : lentement. Tout dans l’univers (DIEU !) pulse, pourquoi pas « avec joie », pourquoi pas « par simple existence », pourquoi pas par « VIE » ! Mais l’animal doté de l’anomalie de nommer le divers de l’existant craint la pulsation... je présuppose, par éducation : trique, baffe, réprimande, morale, économie, lois, et j’en passe. Non pas que je ne sois pas pour une organisation collective de notre humanité (l’engeance dotée de l’anomalie de nommer les trucs qui lui passent AUSSI par l’ESPRIT), mais je serais davantage gêné par ce manque de discrimination dans les descriptions de SON monde, et pire encore DU monde. Nous devrions trouver une solution à ce simple problème de concordance entre un vécu et sa perception (la sensation qu’on en requiert) et ses dénominations qui seront sans fin sujettes à discutions, encore que le déterminant serait de correspondre à la sensation initiale... jusqu’à la perte de la conscience ! Hahaha !

Ah... la conscience. La conscience refuse de se réfléchir à travers ce quelle nomme l’inconscience : ces fous qui ne se déterminent qu’à l’outrepasser. En fait, la « conscience » est un répertoire d’ « on-dit », appris par la persévérance pour moyen d’adaptation à la tribu (j’utilise le mot de ...). J’ai moult et moult fois souligné que l’Anomalie que nous sommes, comme les autres animaux à placenta, est d’abord un animal de troupeau, de tribu : il est doté de tous les éléments, dispositions et mode de satisfaction pour VIVRE en troupeau (en tribu) et notamment sexuels, car dispensé du rut, naturellement. Ainsi, la « conscience » est l’élément interne de pensée et de penser qui permet à l’individualité du troupeau de trouver, requérir et être en légitime attente de LA satisfaction de correspondre aux exigences de ce troupeau. L’humain se pense au dessus de tout, il est moins que rien sans le troupeau. Sans troupeau, il « contracte » toutes les maladies qui se manifestent dans les prisons qu’ils a inventées, successivement et opiniâtrement. Non pas qu’on ne doive pas mourrir de quelque chose, mais qu’on doive se voir poser comme impossible de jouir de la vie, autant par son existence propre que collectivement ! Et les RÈGLES du troupeau, aujourd’hui, ne corrèlent en rien une telle possibilité, un tel POUVOIR. Cette conscience ? du papier-cul dont la pureté est violée par la trace qu’on en expecte pour se sentir propre. La conscience est un CHAMP de l’entendement qui le restreint à n’être plus que des cailloux.



samedi 10 septembre 2022

Valeur SOCIALE vs PROPRIÉTAIRE

Je ne fonctionne que par déduction : je veux dire que ce qui m’apparaît provient d’une longue et tisserande production d’idées qui se succèdent, pour certaines, les unes aux autres, pour d’autres selon ce qui apparaît le moment venu.

Et je procède en suivant une sorte d’instinct de la prudence : je me méfie de toute idée qui ne serait pas « organique » qui ne se retrouverait pas dans le monde du vivant.

Mais pour progresser, je pose des jalons, des intuitivités, des suppositions dont je me pose la question de leur ordre dans le possible, ici et là, qui n’ont pas à la vérité de *preuves* pour les asseoir sur du solide, alors que je trouve qu’ils sont un facteur de progression dans des domaines qui, pour moi, ont besoin d’être connu. Un amer ne propose pas seulement de rentrer au port, mais aussi d’éviter l’écueil.

Et, assez souvent ces jalons se sont avérés, par correspondance, finalement manifestes et décrits en mariage avec la réalité quand ils me servent à leur tour d’assise pour ponctuer tel ou tel aspect de ce que je me veux expliquer de la vie. C’est un phénomène assez fréquent.

Et, dans ce texte sur le fétichisme, j’ai continuellement mis le mot « valeur » en majuscules. Je ne savais pas exactement pourquoi, mais cette majusculisation avait toute probabilité de signifier quelque chose, sans doute à mettre en souligné pour mon lecteur et ma lectrice, mais surtout, pour devoir (je suis un être de devoir) en donner le plus rapidement possible une définition qui me satisfasse. Tant qu’à être dans l’expectative (le « siting on the spot » de WR) on DOIT se donner les moyens d’en sortir.

Et la majuscule en a été un : j’ai finalement compris pourquoi j’ai procédé de cette manière. Attention les potes ! En fait, il y a DEUX *VALEURS*, dont la distinction va demander un peu d’encre : la VALEUR SOCIALE et la valeur PROPRIÉTAIRE... comme pour le prestige. Un moment de basculement a eu lieu qui va de l’une à l’autre de manière assez irréversible (semblable à un destin funeste) et que je me dois de démontrer (bonjour les nuits blanches) afin que l’explication soit susceptible de DÉNOUER la valeur propriétaire en ceci qu’elle cesse de détruire la VALEUR SOCIALE et que cette dernière rejaillisse dans toutes ses splendeurs, ses plaisirs, son aspect éphémère, ses amours. C’est LÀ que la VIE va apparaître.

mercredi 31 août 2022

Étude sur la localisation physique du fétichisme

Il y a beaucoup de choses que je voudrais aborder. Je ne pourrai pas tout faire.

Quel intérêt, dites-moi, d’avoir peur de la mort (ce n’est pas la peur de mourir !) puisque, quand on est mort, on n’a plus même le loisir d’en avoir à faire... Intellectuellement, c’est assez paradoxal : on est vivant, on meurt, on n’a pas même le jouir de s’en plaindre ! C’est assez simple... c’est parce qu’on imagine que mort, on est encore vivant, surtout sous la forme absolument informe qu’est la pensée. En fait, en pensée, quand on est vivant, on n’est pas mort et que du moment où on pense, c’est qu’on est vivant, on ne peut admettre que l’absence de pensée qu’on ne saurait prouver à moins d’être mort – d’où la difficulté de faire parvenir le résultat aux vivants : comment penser qu’on pense alors qu’on est que pensée et que cette pensée voudrait rejoindre une autre en pensée : elle ne peut faire autrement, sinon on ne serait pas mort, mais vivant.

Ah ! oui : je me pose la question pour me rassurer, si je veux mourrir. On a parfois peur de la mort, parce qu’on a peur d’être vivant alors qu’on est mort. Ça serait horrible ! Imaginer aborder le royaume des morts avec le fardeau de la vie !!! alors que le paradis c’est justement d’en être déchargé ! Le comble de la perversité. Et la mort ne peut pas être perverse, on le sait bien. La mort n’est pas une personne, c’est un événement qui s’achève et disparait la vie. On contemple un corps mort dont on sait qu’il est sans vie... encore faudrait-il l’admettre ! Hahaha ! admettre qu’on a aussi cessé de penser ?

Je pourrais penser que cette peur de la mort est un ressenti (vivant) d’une partie de soi comme morte et qu’elle ne pense qu’à s’en sortir alors que la cage est physiologique. Tout le monde en parle de ce « truc » qu’on a oublié pour avoir été trop violent. C’est sensé, à moins que ce soit faux. Cela le peut-il, être faux ? Oui, je vais m’y employer :  comment atteindre quelque chose qui veut s’isoler ? On ne le peut pas, même en pensée car il ne peut être localisé, ce « truc ». Mais alors, si c’est faux, que cela cache-t-il ? Voilà une question intéressante. Cela cache, déjà, que c’est faux. Ensuite, cela cache que c’est faux parce que c’est improuvable que cela soit faux, alors qu’on soupçonne que cela cache la vérité libératrice des contraintes d’un « truc » qui se cache, ne veut pas être découvert et vous pourrit la vie d’exister.

Vous savez ce que j’ai découvert, à propos des épidémies, c’est qu’il s’agit d’un nuage gigantesque (à l’image de ces vols de criquets) d’un virus qui s’abat sur les gens, et que ceux-ci tombent « malade » parce qu’ils ne sont qu’une niche opportune pour lui de prospérer, de se reproduire, de vivre ! On pourrait dire qu’il y a des élus, mais ils ne correspondent à une opportunité. Aussi, la théorie de la contamination ne tient plus debout : on ne se contaminent pas les uns les autres, on vit ensemble dans un moment qui comprend un tas de facteurs très disparates, et puis voilà. Si on tombe malade parce que la veille on a fait une bise, c’est simplement parce qu’on s’est mis sur la longueur d’onde de la personne avec qui cet échange s’est fait, et on tombe dans le même contexte qu’elle !

Imaginons les conséquences de cette hypothèse : l’humain est si tant l’animal à la grégarité des plus puissantes de la planète qu’il se met sur la longueur d’onde de celui ou celle qu’elle ou il aime, qu’il devient réceptif à ce que VIT cette personne ; et toujours c’est le plus fort qui prend ce que vit le plus faible. Si le plus fort est plus fort encore que son environnement, il ne tombe pas malade. S’il est plus faible que son environnement, il peut tomber malade, sinon il tombe malade. Car il y en a que le contexte social indiffère et ne tombe pas malade, à moins d’autre chose. J’ai toujours aimé le titre du film de Guy Debord Critique de la séparation : je n’ai rien compris au film (alors que je l’ai visionné plusieurs fois !), tandis qu’au titre, oui. Mais je ne suis pas sûr qu’il aie pensé précisément au phénomène de la grégarité proprement dit, tel que je l’entends, je ne peux l’assertir. La « séparation » : le trou béant entre ce qu’on aime et ce qu’on a aimé et aime encore – et si ce n’était que cela ! béance comme rupture entre soi et soi qu’on retrouve en l’Autre !

Ce trou-là présente deux rives contradictoires (il n’est pas sphérique, comme dans le trou que j’ai évoqué tout à l’heure) en action, on dira comme tout-à-l’heure, qu’on ne le voit pas, puisqu’il n’y a rien à voir ; à l’intérieur, on n’y voit rien, à moins que les deux rives. Écartons psychiquement ce trou troublant. Chacune d’entre-elles à ses caractéristique propre, sa genèse plus ou moins amnésique, son histoire – dont celle des rencontres –, ses échecs et ses réussites. Tout y est, mais différent (un peu comme ce qu’on dit de chaque hémisphère cérébral).

Alors, à ce sujet, j’ai une hypothèse : quand cela se passe, c’est du fait (événementiel ou conséquentiel) d’une séparation entre les deux hémisphères dans leur jonction qu’est le corps calleux. Il y a une dis-harmonie entre eux. Si chacun des hémisphères pensent le monde à sa manière – qui est quasi-unique – comment penser en même temps ? Ça c’est la question du siècle.
Il y a cette vaste fumisterie qu’est le patriarcat avec un qui domine l’autre.
Il y a celle des alternances : un moment oui, un autre non. Mais alors... qu’en est-il d’une indispensable synthèse des deux vécus ? Quelles sont les pertes ? Quelle est l’importance de l’un pour l’autre et de l’un sur l’autre et à quel moment ? Point de jonction, un jour, quelque part, à un moment donné ? C’est encore ici une théorie très complexe. Mais alors, que nous reste-t-il ? Ben... la mienne !

Le corps calleux n’est pas seulement la jonction entre les deux cerveaux, mais porte l’hypophyse, l’épiphyse (la glande de l’âme de Descarte), le chiasma optique, l’amygdale (la mémoire), et il est sustenté sous le 4e ventricule. C’est un sacré organe, en fait. Non seulement il fait la jonction entre les deux cerveaux, mais cette jonction est liée à des glandes de très grande importance. Et la qualité du fonctionnement de cet ensemble donne celle de l’équilibre entre nos deux cerveaux. Ça signifie quoi ? Ben, ça signifie qu’on est encore dans l’inconnu, par manque de sensiorité – acquise ou innée ? on ne serait le dire, pour la même raison. On a bien conscience d’un trou, mais on a du mal à en ressentir les contours. Quand le trou n’existe pas, ce n’est pas, non plus, une histoire enganguée, c’est un défaut de perception, tout comme on ne peut pas vraiment percevoir la mort. Et comment percevoir un trou, sinon que par ses contours ? Le trou est conditionné à ses contours, vous comprenez ?

On ne s’est pas suffisamment penché sur le corps calleux : il faut imaginer un ORGANE quoi doit permettre, trier, quantifier, etc. les réflexions de chacun des cerveau, à une vitesse folle et une variabilité aussi folle ! Quel boulot, et en plus, de joindre telle glande pour enclencher telle réaction. Ça c’est de l’organe ! pour maintenir en coordination un ensemble d’éléments. Et les béances, là-dedans ? Ben... les béances, c’est les lacunes de compréhension entre le droit et le gauche, chacun tenant mordicus à ses prérogatives (je veux dire : ses prétentions) sur l’ensemble du monde. Et ça, je trouve ça bizarre : si je n’ai ni raison, ni  tord, quoi penser ? Alors... deux choses : ou on n’a pas compris quelque chose de très important, ou bien je foire. Pourquoi donc, chacun des deux cerveaux n’est-il pas d’accord avec l’autre ? Y a-t-il une raison ? Ouais : c’est la douceur (et c’est la douceur qui fait défaut, en fait, dans le faux). Le corps calleux, c’est le chef du neuro-sympathique, celui qu’ils appellent « para », alors qu’il est l’ultra de ce système nerveux autonome !

Bon... j’en suis là. Intéressant, non ?

~oOo~

Le problème auquel nous nous confrontons est celui de savoir, oui ou non, s’il s’agit d’un trou, quelque part, trou qui expliquerait une grande partie des malveillances quasi-involontaires, des mysticismes qui les justifient, et autres imaginaires fétichistes qui lui donne consistance. Et le problème auquel je me confronte est de pouvoir vous clarifier cette histoire qu’il n’y a PAS de trou, mais ISOLEMENT d’une partie de système de la comprenette, isolement qui désorganise, le rendant claudiquant – non pas à la manière d’une rognure d’ongle, mais celle du déplacement d’une rotule –, ce système. Et cela est physiquement prouvé et re-prouvable. Et cet isolement d’une localisation assez petite (pas plus qu’un poing d’enfant) d’isolement, ne se passe que dans un seul hémisphère, simultanément au fait que l’autre hémisphère l’ignore totalement. Le corps calleux (où réside la « conscience ») a énormément de travail à conjuguer, alors, les deux cerveaux, puisque l’un pense ceci d’une chose, tandis que l’autre, avec sa petite boule, le voit autrement, alors que c’est la MÊME chose. Il y a donc une sorte de « vide » dans cette conscience consécutive au fait qu’il ne peut faire la conjugaison.

On dit que l’apparition d’une petite boule dans le cerveau correspond à un choc traumatique, signifiant par là qu’on s’en souvient à peine, qu’il a altéré des cellules du cerveau, et que ce choc est absurdement advenu totalement idiotement, de sorte qu’on y comprend rien. Et on dit que ces sortes de cale cérébreau ne sont pas visible sur un scane, quand la programmation du rendu du traitement magnétique élimine ces de nombreuses incongruités mystérieuses, ne serait-ce que parce qu’elle apparaissent que dans un seul cerveau : c’est une erreur. Mais on va tenter d’expliquer comment cela se-fait-ce.

Le cerveau est composé d’une petit nombre de cellules : les cellules nerveuses et la glie. J’ai lu – j’étais à la recherche d’un livre qui consacrait plus de dix pages sur le système neuro-végétatif ; j’en ai pas trouvé ; mais j’étais tombé sur cela – que la proportion de cellules nerveuses était de 90 % chez la souris, et 10 % chez les humains. J’en ai assez rapidement déduit que la glie était « l’intelligence ou l’âme » car la glie a une cellule de ces astrocytes qui n’est fixée nulle part : elles vont là où ça leur chante, pourrais-je dire et que j’y voyais bien une transporteuse d’idée, avec le flash quand elle rencontre LA concordance ! En conséquence, la pensée était lié à cette cellule. Pourrait-elle passer d’un cerveau à un autre ? Pourquoi pas !

La glie a encore une autre fonction, plus terre-à-terre : le nourrissement, la protection et l’entretien des cellules nerveuses. Lorsqu’il y a un choc traumatique (l’HORREUR !)... j’oubliais un truc : on sait peu que le nerf, quel qu’il soit, ne voit pas son « courant » aller d’un A à un B : il y a un retour qui va de B à A et le cerveau perçoit ce retour comme un contrôle de ce qui est ressenti par le nerf. C’est comme ces guirlandes d’ampoules qui s’allument un sur deux : on ne sait vers où va le mouvement ; mais en vrai. Cela ne préjuge pas qu’il y ait des nerfs spéciaux pour l’aller, et d’autres pour le retour.

Cette sensation de trou est consécutive à cet ISOLEMENT d’une partie de la compréhension du monde (ou ses outils) de l’ensemble du reste qui est, tout de même, la base de sa cohérence. La petite boule c’est un amalgame de glie qui isole l’horreur du trauma pour l’isoler du reste qui ne vit pas dans l’horreur. Car c’est là que réside la folie du monde ! dans cette petite boule, certes, mais surtout ce qui l’a provoquée. Nous pourrions gloser sur le nombre de traumatisme qu’un seul individu, chacun selon son sexe, qui plus est, subit au cours d’une vie, se répercutant – c’est inévitable – sur Autrui, et depuis des milliers de générations, mais, à peu de chose près, on peut les rassembler en quatre catégories : les caractères, des interprétations du monde suivant sa conformité, ou celle qu’on a adoptée. Ainsi, on touche du doigt ce fait que les publicités, les livres, les lois et les décrets, soient peu si nombreux : quatre – encore qu’on ne compte pas un caractère spécial : qui n’a pas, ou peu, de cuirasse neuro-musculaire, des crispations généralement anticipatives, d’un plaisir trop intense, par peur de s’y perdre ; principalement anticipatives du plaisir tout court, d’ailleurs.

Là où il y a la peur, il n’y a PAS de sexualité : pas du tout ! On se leurre si on affirme le contraire, car là où il y a la peur, il n’y a pas de plaisir. Et donc se pose à nouveau cette étrange question : Mais pourquoi les gens ont-ils peur ? On pourrait dire « de quoi ? » aussi.L’ont-ils identifié ? reconnu ? admis ? Ça c’est pas sûr du tout. Car que font-ils alors pour éviter d’avoir peur ? On voit partout qu’ils ne passent leur temps qu’à se faire peur ? Non... quand même ! ne me dites pas que c’est par peur du plaisir ?Double-peur, en somme. J’ai eu une fois, à la lecture des prisons de Cayenne, l’idée de faire un livre répertoriant un max d’outils mentaux, sociaux, amoureux de torture : ce n’est pas à cause l’HORREUR que j’aurai donné à voir au public, que je ne l’ai pas écrit – combien l’aurait ressentie, cette soufrance ? –, mais parce qu’il y en avait de trop, et que la tâche que je m’étais assignée devait fatalement me dépasser. Cela a davantage renforcé en moi cette triste constatation : L’humain est quand même bizarre, non ? Acquis ou inné ?

Que nenni ! La perte de l’identification du plaisir d’autrui, ou de sa souffrance serait alors dû à un isolement des cellules-miroirs (encore que j’ai dit plus haut que je n’y tient pas tant compte dans mon raisonnement), mais à ces défauts de perception du monde qu’on DEVRAIT soi, ressentir : la fameuse empathie, comme plaisir et non pas comme peur. Essayons de circonscrire cette peur.

Tout comme le plaisir (à quelque détails de fonctionnement près), la peur est le trajet nerveux qui va de la perception du monde, qui passe par un filtre définissant une sorte de qualification d’après la mémoire – le vécu –, à son interprétation : chaque cerveau pour soi, corps calleux qui harmonise... sans, cette fois-ci, y parvenir. Car dans le trauma ( l’HORREUR  se détruit en peur) a isolé une partie d’un demi-cerveau sans que l’autre s’y retrouve... la panique ! Le nerf (ou les nerfs) qui ont PERÇU le trauma qui a été perçu par le même nerf, voit son REFLUX d’une violence (proportionnelle à ce qu’on vous inflige) énorme... et « grille » en quelque sorte, une partie du cerveau en correspondance avec l’entendement du monde : ce « grillage » n’est que le VÉCU d’une sur-intensité du reflux nerveux : il n’y a rien de grillé, juste de traumatisé, d’asthénié. Et la glie, celle qui entretient, protège et nourrit, de venir vite s’agglomérer autour de la partie traumatisé, qui a eu PEUR... d’où ces petits boules qu’on s’évertue à ne pas voir sur un scanner. Mais cette localisation en correspondance avec une perception du monde, donnerait aussi la nature de la peur, si on ne s’évertuait pas à ne pas vouloir les voir.

On dit que un des deux facteurs de la peur, est celui de mourir. Je n’en suis pas si sûr. La peur de mourrir correspond ici à une intense et bouleversante perception => transport => filtre => interprétation du monde.

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J’aime regarder les films chinois dans le texte, car il y règne encore des personnages grossiers – c’est bon enfant, ça reste du cinéma–, tandis que chez nous, ces derniers sont devenus tellement  habituels, qu’il faut les grossir encore pour qu’ils soient crus, sinon qu’à double-dose. Le grossier « chinois », c’est un grossier proche du peuple, le second un grossier bourgeois, publicitaire : le cinéma est devenu sa vie et nous sommes tous des acteurs de notre vie, un spectacle universel. Mais cela signifie aussi qu’on veut se cacher derrière une double-face, soit parce que la première est obsolète et surannée, soit parce qu’on tient mal son rôle quand on se rend compte des souffrances qu’il génère. Il y a du régrès, mais du progrès aussi. Cela dit, les acteurs chinois sont aussi bons que les nôtres. Ils tiennent peut-être mieux leur rôle, du fait de cette simplicité des rapports avec le spectateur, où chez nous, le zhéros doit être très sophistiqué, à tous points de vue, sinon qu’un peu plus érotique, à peine.

J’avais mis un jour une relation entre les quatre caractères et les catégories d’interprétation du monde, et j’avais aussi découvert une sorte de dispositions des rôles qu’on trouve dans l’industrie du cinéma : le producteur, le réalisateur, l’acteur et le spectateur (si je regarde de près les choses... le compulsif, le phalique-narcicique, l’hystérique et le masochisme). Mais ceci est la branche annexe de l’arbre du spectacle qui commence d’abord, avec un chef, son sbire (qui dit chef, dit flic), un bureaucrate (qui dit flic, dit lois) et le publicitaire, le prêtre (qui dit lois, dit dieu, la morale de la société en question), sans oublier leurs sous-fifres. Et l’ensemble du spectacle, le scénario et la mise en scène du faux, c’est de faire jouer tous ces gens, même si cela ne vaut rien. On ne naît pas un de ces personnages, on s’adapte à lui, par choix opportuniste, comme tous les animaux, jusqu’à l’oublier. Tandis que tout cela est confronté à la réalité et modulent les relations humaines selon leurs règles. Chaque caractère est devenu un fétiche pour son acteur. Une double-peine, en quelque sorte. Je ris de mes blagues, mais je sais que les gens souffrent et que, même s’ils s’en rendaient compte, ils ne sauraient quoi faire pour sortir de cette situation. Pourtant c’est simple : le fétiche de la VALEUR, et ce gros mensonge sur la vie se concrétise dans la marchandise – ou la marchandisation de tout, pour le fétichiste.

Il en est de la valeur comme de la bicyclette : une fois que vous avez été contaminés, c’est à vie. C’est pourquoi votre humble serviteur ne peut tout expliquer, sachant qu’il en restera toujours une bribe (la VALEUR) qui persistera dans la mémoire de son quotidien, et que son raisonnement s’en trouvera inévitablement taché de partialité. Au fin-fond-de-moi, quelque chose a résisté et je suis aperçu que, dans mon malheur, je n’y étais que du tiers, un autre étant la socialité (la grégarité), et l’autre, précisément, le monde de la marchandise, le monde de la VALEUR ! J’écris un livre pour ne pas qu’on recommence tout tout le temps.

Il ne reste plus que le choix de la grégarité qui reste incorruptible puisque chaque enfant qui naît, nait avec. Cette hypothèse étant la bonne – c’est pas que je sois intelligent, c’est le système qui est bon – il se passe quelque chose entre cette naissance et plus tard, en mauvaise passe. Et s’intéresser à la grégarité en général (pour les animaux grégaires) et en particulier chez nous, c’est riche. Je n’ai pas dit que l’humain est né bon, mais j’ai dit qu’il est né avec toutes – sans qu’il en manque une seule – les dispositions pour pouvoir l’être.

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Il n’y a pas de références, ici, sinon que celles du lecteur, desquelles lui seul est responsable ; et s’il lui arrivait de me maudire, qu’il me laisse en paix.

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Quand un éminent critique de cette société spectaculaire-marchande assume le fait qu’il veuille sortir du temps cyclique des saisons pour réaliser la Vie dans le désordre gouleyant de son abolition – laissant le reste aux petites mains, je ne sais pas–, je ne suis pas si certain qu’il ait raison, comme si le temps des aristocrates n’était pas, précisément, un usage du temps dans le cadre du troupeau ! De quoi les princes ont-ils joui, sinon que de baiser, de protéger leur place et de commander, pour se dispenser de cette vile occupation qui est l’usage de leurs mains à des « travaux « pénibles » ? puisque c’est eux, qui pénibilisent ces travaux qui suivent le grand cycle du temps de cette planète. Les travaux sont pénibles quand ils sont réalisés seul. Les sociétés pré-agricoles, jusqu’au moment où elles se contentaient du jardinage, ne connaissaient pas cette séparation, ou bien dans ses prémices. Chacun participe à la mesure de l’ensemble, et c’est cette intégration au tout qui est source de plaisir humain, comme globalité, et non pas comme « séparation » (notre auteur n’avait pas tord sur ce point-là) du troupeau. Les danses, les fêtes, les travaux, les repas, les amours, les astuces de la vie, les relations et leur régulation exemptes de chef, tout cela est la consistance de la vie ; et non pas le travail seul. Aujourd’hui, nous pianotons sur un clavier pour trouver un lecteur à nos idées qui ne sont, finalement, que de tentatives de destruction de la solitude – dont le contraire est la connivence des sympathies. Le trou où se niche le fétiche qui croît comme un bonsaï taillé par les solutions aux angoisse, n’a pour parois que cette solitude dans laquelle chacun est plongé depuis sa naissance et contre laquelle ses pleurs sont inefficaces. En fait, on en sait pas ce qu’est la solitude... on ne le saura que bien plus tard, vers les 7 ans. Auparavant, on la vit sans lui avoir donné de nom, sans lui avoir alloué de mot, d’image-verbale... et elle restera jusqu’alors sans objet, à moins d’un bon, d’un vrai doudou ou d’une forte amitié, le mariage des empathies.

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Ce à quoi est réduite la sexualité humaine – qui est en correspondance avec la puissance des capacités de rencontres et de poésie de cet animal grégaire.

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Quand le pot du fétiche est la solitude, le terreau du fétichisme est l’angoisse. Même les endroits où la sexualité, à peu de choses près, est librement consentie, l’humain a encore besoin du fétiche, car il persiste de l’angoisse : la peur des fantômes sous la maison sur pilotis concrétisent les culpabilités vécues et mal digérées, les culpabilités qui n’ont pas trouvé leur apaisement. L’humain est certes un être multiforme, mais seulement dans ses résultats, et même pour les complexés, le substrat qu’est son existence est d’une désarmante simplicité. C’est qu’il y a des angoisses qu’on ne peut maîtriser et qui doivent pourtant trouver un objet. La Vie a doté la vie d’une angoisse native (que je nomme) « flottante », comme moteur à tout ce qui vit dans la Vie. Ce n’est pas l’unique moteur, bien sûr, puisque le principal est tout de même la satisfaction de vivre qu’on retrouve dans le chant des oiseaux, par exemple, même du corbeau noir et du héron gris quand il prend son envol. Cette angoisse flottante est une énergie de mise en alerte dont le déclencheur, la gâchette est le danger, pour s’en prémunir, et aussi pour anesthésier la sensation de mort lorsque tout va mal. Le fonctionnement – les trajets qu’elle parcourt – de cette angoisse flottante est très amusant. Elle ne se présente pas comme une priorité dans les mouvements de la vie, elle passe après la sexualité en action, le fait de manger, de jouer, etc., et ne se manifeste que lorsque l’énergie développée dans ces actions s’épuise de sorte que la sienne, flottante, émerge par contraste, parce qu’elle est devenue alors la plus forte ; encore que cela ne se passe qu’au cours d’un instant si rien de plus alarmant ne se présente. Mais c’est elle qui vous donne le goût du déplacement, par exemple, en alimentant le désir ou le hasard. Chez nous, cette angoisse flottante se manifeste d’une manière un peu différente. Nous l’allons montrer tout à l’heure.

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Cette angoisse flottante vient se surajouter aux autres angoisses, proprement humaines, comme de celle de trouver une solution à une question. Ainsi, nos angoisses voient-elles souvent leur intensité doubler.

vendredi 15 juillet 2022

Fraîcheur de tes agrès

 

aborderai-je un jour ton rivage ?
la langue du feu solaire semble si scintillante !
et si habile aux escarcelles de lumière de ta lune
qu'une telle offre de ta part
trouve délicieuse l'odeur de ton pipi