dimanche 11 janvier 2015

Ces drôles de Charlie


La grande marche "républicaine" :

S'il y a dans cette  grande marche pour l'expression de la liberté, des présidents de tant de pays où cette liberté est piétinnée (L’Egypte, la Russie, la Turquie, l’Algérie et les Emirats arabes unis, dont les représentants sont annoncés, sont respectivement 159e, 148e, 154e, 121e et 118e sur 180 par Reporters sans frontière) c’est que tout ce beau monde veut être du bon côté : celui de la « démo­cra­tie », qu’elle soit turque ou bir­mane, etc. et mon­trer ce qu’ils défendent : la police (ne soyons pas niais !) qu’ils vont ren­for­cer à coups de lois et de décrets fumeux. Tous.



La dif­fé­rence (me fai­sait remar­quer ma copine) c’est qu’avant, les ter­ro­riste s’en pre­naient aux repré­sen­tants de l’État ou des « exploi­teurs », alors qu’aujourd’hui, c’est au simple qui­dam qui ne répond pas à leurs ordres de bonnes mœurs, à leur morale : et ça c’est grave. C’est ce qui désarme, en fait, car si aupa­ra­vant on rece­vait une baffe ou un coup de bâton, et que cela nous lais­sait la pos­si­bi­lité de nous révol­ter quelque part, aujourd’hui c’est une bas­tos et c’est sans retour. C’est le retour de la police des mœurs, à laquelle on se doit d’obéir, selon des pré­ceptes avec les­quels on n’est pas d’accord, selon une morale vieille de 12 siècles, etc.

À cette grande marche pour l'expression de la liberté, un symbole de l’aberration : le communiqué du Ministère des Affaires étrangères du Maroc annonçant sa présence à la manifestation, mais précisant «au cas où des caricatures du Prophète - prière et salut sur Lui -, seraient représentées pendant cette marche, le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération ou tout autre officiel marocain ne pourraient y participer». 


L'émouvant hommage de Sophia Aram à Charlie Hebdo par franceinter

Et tout l’activité qui avait été mené par les gens pour se libé­rer du joug judéo-chrétien, revient sous une forme encore plus délé­tère, plus meur­trière. La bataille des femmes sur­tout, ce vou­loir de se défaire de l’oppression des pos­ses­seurs de l’argent, du tra­vail, tout cela retombe au cer­cueil des tombes. C’est extrê­me­ment rageant que de voir dans le cours de ma vie, tous les acquis sociaux de mes ancêtres se déli­ter au gré des gou­ver­ne­ments : il nous res­tait un peu de liberté. Main­te­nant, on a d’autres flics au cul, et d’une nature au moins aussi dégra­dante que ceux qui protègent l’économie. Et tout ce tin­touin va pro­fi­ter, pré­ci­sé­ment, à cette « éco­no­mie déli­rante et inhu­maine » pour s’assoir sur nos der­nières vel­léi­tés de nous en sor­tir : on va nous pous­ser la tête dans l’eau, sans ver­gogne « pour avoir le plai­sir de pro­lon­ger d’un siècle » nos souffrances. La police n'aura plus aucunes barrière pour imposer les siennes dans la rue, comme les avions militaires à qui appartiennent le zéro-500 mètres-sol, et se feront une joie d'utiliser leur banderole plastique en rouleaux : "police : ne pas passer".

Et l'Internet qu'on va encore tenter de museler, alors qu'il est su, reconnu, archi-connu qu'il n'y est pour rien et que tout passe par la parole, de bouche à oreille. C'est qu'elle est bien plus efficace que celle de nos politiques et, hélas, plus crédibles pour les personnes qui leur veulent du mal.

Dans mon précédent message "Macabre pari",  je me suis trompé : ces politiques rendent les gens si fous qu'ils n'avaient qu'à attendre pour agir à leur guise.

Tout ce ram­dam de ces « chefs d’État » réunis pour la « défense de démo­cra­tie » nous donne la mesure de leur accoin­tance pour la mise en œuvre de « notre » protection : "vigipirate hyper-renforcé", militaires dans la rue, lois, etc. alors que c'est n'est certainement pas cette Ordre-là qui fait la beauté du monde (merci Martin Argyroglo !).

Qu’elle éprouve de mon­trer tant les dents, c’est dire aussi que cette forme d’organisation sociale repo­sant sur cette éco­no­mie est proche de la décré­pi­tude, aussi bien ; m’enfin... nous nous trou­vons main­te­nant confron­tés à deux attaques sur deux flancs, attaques qui n’ont rien à voir l’une de l’autre, n’ayant pour seul flam­beau que la doci­lité de notre part. Fau­dra voir...

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