mercredi 9 mars 2022

"Ptit-chef ! Ouais ptit-chef !!"

Quelles sont les entraves à ce jeu merveilleux qu'est la Vie ?

J’ai rapidement reconnu le trouble de l’affaire, très jeune, de la délicatesse de ma position dans le monde, ne serait-ce que l’imbécilité de mes parents et de mes professeurs, mais (vous savez...) la force de la vitalité dont j’étais alors doté avait comme gommé ces aspérités à la joie de vivre la vie. Le monde humain est tellement malveillant – et sans qu’on daigne se pencher sur une solution à ce grave problème – tellement « con » (comme on dit) que se sont davantage les moments de joie qui paraissent des étrangetés qu’on accueille comme des bouées dans l’océan de sa chiasse ; et je ne parle pas de ses moments de liesse artificielle sur des sujets dérisoires, semblables à des ancres dans le sable qui le maintiennent noyé dans les courants contraires de la bêtise.

C’est que, quand on grandit, on est d’autant ignorant de ce qui va vous advenir et que la nature même de la vie est l’accueil confiant de son advenue et que les lacérations que cette confiance reçoit à mesure du passage de la socialité du temps, plus prompte à cicatriser, forment à la longue comme une gangue protectrice qui empaquette cette joie, comme on voit les mouvements de l’embryon sur la peau de sa mère, sans que cette joie puisse, cependant, ici, ne renaître plus de sa force vitale, qu’en cendre.

En retour, cette gangue – cette cuirasse caractérielle – lui empêche tout retour sur soi, retour *résumé* des souffrances antérieures qu’on approche alors comme insupportables : que peut-on faire (à moins d’une énorme détermination – que d’aucun nomme « courage ») dans cette hypothèse d’une remise en cause de l’absence de bonheur, sinon qu’asexué, chez l’humain quand on se retrouve seul face à l’organisation minutieuse, socialement méticuleuse, *bureaucratique* de cette soustraction ? S’en sortir est peu probable. Au surplus, les tords (comme les bonsaïs) sont tenaces aux assouplissements, physiologiquement.

On comprend difficilement que cette gangue est pareille à une *isolation* du monde, que le monde n’est plus perçu qu’à travers elle : le monde se doit de la traverser pour parvenir à nos sens, déjà alanguis. Incidemment, ignorer son environnement revient à ignorer la violence qu’on y exerce et celle qui vous a été supliciée. Et, bambin ou gamin, on est placé face à une multitudes de petites – quasi anodines – violences, en tel nombre qu’elles vous étourdissent, et vous réduisent à ce refus de les percevoir, et de percevoir les souffrances qu’elles vous infligent. Ces violences émanent à neuf part pour dix, simplement du monde humain dans lequel vous vivez, baignez, vous nourrissez et requerrez chaleur et affection. Non pas que vous ne receviez pas en suffisance (quoi que...) de cet « amour », mais que vous deviez vous en méfier ! du fait de *ne pouvoir pas vous y abandonner en toute confiance*.

Mais les gens en arrivent a un tel point de cuirassement qu'ils en oublient ce qu'ils avaient initialement été, ce qu’ils avaient initialement vécu et les choix qu’ils ont dû opérer pour s’en sortir, pour n’en plus percevoir que le présent alourdit et juge du monde, non pas du point de vue de cet initial égaré mais de cette pesanteur dans laquelle le monde les a jetés, de sorte que leur propre initial – grossièrement pourtant correspondant à tous, comme élément de satisfaction, de convivialité ; enfin, bref, de grégarité ! — qui parvient à les gêner et qu'il leur devient insupportable de percevoir gigoter chez autrui, insupportable au point de désirer l'emprisonner.

Nous nous trouvons donc confrontés a deux problèmes actuels issu d'un seul :
- ne pas pouvoir ne pas mettre en prison
- alors qu’on languit d’une liberté qui ressemble à ce dont se nourrissent les habitants de la lune.
C’est ici précisément le projet de la *bureaucratie* ! La bu-reau-cra-tie est le *moyen* de réaliser ce projet de ne plus pouvoir s’aborder pour éviter de se saborder sans s’aborder, tout en sabordant tout ce qui permettrait son abord.

Je circonscris ici le sabordage de la vie par la bureaucratie : la bureaucratie se détermine à IMMOBILISER toutes velléités ou subreptices mouvements de la vie, ceux qui occurent au cours de l’existant, selon son cours, alors que PERSONNE ne daigne pencher sa pensée sur ce phénomène putréfiant de la bu-reau-cra-tie, cette déification de l’immobile, comme délire d’aboutissement matériel de la vie immobilisée. Quand, dès son enfance, on vous inculque que de se « mouvoir » en dehors de tout ce qui n’est pas bureaucratique (hé ho ! programmé ? idiot que nous sommes... évidement ! mais par qui ? un immobilisé quêtant l’immobilisateur qui provoquera l’immobilisation) est de l’ordre de l’immoral... à quoi pouvez-vous donc vous opposer, sinon que de vous soumettre ? encore que « soumis » vous perpétuez cette soumission, du seul élan de vouloir correspondre à la PAIX à laquelle vos périples concluraient idéalement. Le mouvement est l’absolu antithèse de la bureaucratie.

Je posais tout à l’heure ces deux problématiques de la cuirasse caractérielle, selon quoi on S’exclue par dénégation de la vie tout en justifiant l’absence de son atteinte à l’agréable.

De fait, tenir le courage de la complexité enlacée par le fil de la sincérité – qui, elle, ne détruira jamais, jamais de jamais, (rien de) la vie qui passe à sa convenance – semble comme une ultime joyeuse rébellion contre cette bu-reau-cra-tie. Actuellement, l’autorité S’IMPOSE à nous comme une entité inaliénable : a-t-on entrevu un jour une entité humaine inaliénable ? Non : il s’agit donc d’une supercherie !

L’humain actuel est tiraillé par le miroitement de ces deux faces de l’immobile que j’ai énoncées plus haut, quand elles restent des *conséquences* de cette immobilité, de la pièce-même. Je vais complexifier l’affaire. Il y a deux choses qui nous sont apprises au cours de notre prime enfance : à jouer de sorte que vous vous en sortiez gagnant : le jeu est perdu car le jeu ne consiste pas, ou plus, à jouer, tout simplement, et que vous est inspiré un but à votre vie (à ce jeu de la Vie), quand elle n’est que le cours d’un temps ! Pire : lorsqu’on vous interdit de jouir selon le goût de votre intime – celui de vos organes aphrodisiaques (vous savez, ces trucs « génitaux ») –, vous égarez la *sensation* du vécu pour tenter de la retrouver dans un *gain*. Le gain est l’avers de cette pièce où l’envers est la violence de la bureaucratie, de sorte que la pièce, en tant qu’existentiel, ne trouve plus d'autre critique – c’est inimaginable – à son existence-même : le capitalisme cache derrière son petit doigt, le patriarcat en mouvement. Ce qu’on « apprend » au cours de la prime enfance, ou tout nous paraît alors comme de naturel, c’est l’existence-même de cette pièce, dont l’avers est le gain et le revers la bureaucratie, alors que cette pièce est une réalisation de l’imaginaire *minéralisé* de la VIE.

Je réfléchissais cet après midi à mes bêtises et me disais, alors que je suis un ferme adepte de la trialectique, qu’il faudrait que je puise démontrer qu’en fait, la vie circule suivant une *quadrilectique*, ce qui serait (selon moi) une approche correspondant mieux à la complexité des émotions humaines et de ses répercutions sur les modalités de la grégarité. Je résume :

Nous avons un qui se divise en deux et chacun de ces deux se divise en deux : nous avons quatre.
La problématique de la cuirasse peut alors s’énoncer de cette manière :
- UN : j’ai un être nouveau-né (dans la mesure où sa mère l’a convenablement accepté intra utero)
- cette beauté monstrueuse de la nature, dotée d’une cervelle énorme capable d’auto-réflexion nait
- elle détient toute la plasticité qui lui permet de s’adapter à TOUTES les situations, de quelque nature soient-elle !
- DEUX : elle s’adapte à l’environnement qui l’accueille : la langue, les goûts, les odeurs, la fréquence des contacts (ces « toucher »), les bon-soins qu’elle reçoit ; la restriction ou non à ses mouvements (par l’emmaillotement : quelle souffrance n’inflige-t-on pas à l’enfant ! et que dire de ces poussettes à sécurité ?), etc. La personne de l’enfant s’ADAPTE à tout ceci.
- Un demi de quatre : le nourrisson ne s’adapte pas : il prend ce qui se présente à lui selon la satisfaction de sa propre vie : ne reçoit-il pas en suffisance de nourriture : il va pleurer, et ensuite cesser de pleurer car il se RÉSIGNERA à sa situation, qui a pour aboutissement de lui faire RESSENTIR que cette absence de soins est naturelle. Vous comprenez ?
- ensuite, l’enfant doit *comprendre* son état – c’est de l’ordre de la nature humaine que de comprendre SON état, CE que l’on vit, ou plutôt, d’y trouver, à partir de ce qu’on a appris déjà, une INTERPRÉTATION de son état, une REPRÉSENTATION DE SOI dans le monde. Jusqu’alors, il n’y a eu AUCUN mot (image verbale), mais uniquement des SENSATIONS ***MODULABLES*** en vue de cette adaptation. J’ai mis trois * à « modulables » pour tenter de bien décrire qu’il s’agit ici d’un contexte où le *mot* n’a pas encore d’existence, alors que seules les SENSATIONS vivent, et qu’elles ne PEUVENT QUE s’adapter au moment de l’endroit. Vous comprenez ? Un enfant emmailloté le huitième du jour (quand ce n’est pas la moitié du temps) DOIT trouver une justification À PARTIR DE SES SENSATIONS à SON état de malheur, à son état d’existence ! (je peux aussi parler de l’enfant *sanglé* dans sa poussette)
- l’adaptation de l’enfant se fera de toutes façons : il va MODULER ses possibles de plaisirs (la bureaucratie est de penser que la vie puisse advenir en dehors de tout plaisir de vivre, sinon que rigidifié sur un support) de sorte à soutirer un *minimum* de plaisir quand il vit actuellement dans la souffrance physique et affective. Alors, les souffrances qui lui empêchent (on sait ou reconnait incidemment qu’il y a meilleur quelque part, parce que la vie gigote, tout simplement en vue de ce plaisir) de jouir du *jeu* de la vie dans ce cours du temps qui passe à SE vivre, trouve une JUSTIFICATION, un « plausible » assis sur ce qu’il possède déjà : ses SENSATIONS. L’être doit détourner ses sensations de malheurs en quelque chose de plus supportable... vous comprenez ?
- et quand ces sensation deviennent à tel point pénibles, mieux veut alors ne plus les ressentir : héhéhé : c’est la naissance de la cuirasse caractérielle : le nerf, l’organe de la sensation, se coupe lui-même, s’asthénie ou s’anesthésie comme *refus du pire*. Je disais ailleurs : ce qui était initialement de l’ordre du système nerveux « végétatif » et qui ne demande qu’à devenir « central », retourne, dépité, au végétatif. Freud parlait de conscient de l’inconscient : je décris ici ce qui provoque sa théorie, en ceci que ce qui désirait devenir conscient et en jouir, retourne à l’IMPERÇU, cet inconscient (en considérant que tout ne doit pas être PERÇU, bien évidemment ; ce serait une recherche vaine) qui se soulève comme un prolétariat refoulé.

Ainsi, la cuirasse caractérielle vous permet de justifier de NE PAS ressentir votre environnement et de vous y retrouver comme sujet "libre" : comment peut-on être libre sans sensation de son environnement ? Elle provoque cet isolement du monde dont on ne perçoit pas l’obstruction à ses propres sensations, alors que ces dernières sont évidemment la jonction entre vous et lui, le monde, votre environnement. Vous y demeurez comme une individualité séparée de l’essentiel : le troupeau, VOTRE troupeau. Et cette *insensibilité* acquise par habitude et adaptation permet aussi de justifier que vous ne pouvez pas ressentir ce qui est libre, sinon que comme une agression à votre encontre, personnelle quand l’objet de vos diatribes (un enfant, par exemple, ou moi) n’en a que faire.

Cette notion de « cuirasse caractérielle » n’est pas si complexe, finalement (j’ai essayé de le démontrer), mais elle a ceci d’être ANCREÉ dans l’existence, le corps-même de la personne, physiologiquement, et qu’il semble que, quoiqu’on entreprenne, rien ne pourra la dé-li-er de soi : évidemment ! c’est soi-même comme adaptation à ce monde de bureaucrate ! hahaha !!! Est-ce véritablement un problème ? Oui.

Il nous reste à tous un ensemble de sensations qui, pour autant qu’elles soient des *détournements* des sensations originales dont nous a dotées la vie organique, nous permettent encore de percevoir que nous percevons le monde à travers les « filtres » de cette immobilité, ceux de la bureaucratie. Voudrions-nous bousculer cet entrelac, qu’il nous faudra passer par le JEU : c’est à travers le JEU que se révèle l’original JE intégré à l’original NOUS !

Ok : je parle du jeu de la vie qui coule, de celle qui passe. Les jeux de pari, à moins qu’ils soient sans gain, seront trop sanguins (ou exanguins) pour pouvoir être vécus en dehors de tout *sensationnel » ; hahaha !

Bon, nous devrions pouvoir nous en sortir, avec un peu de tolérance quant aux tentatives de poursuivre nos plaisirs, non ? à moins de bu-reau-cra-tie : « Mort aux bolcheviks, vivent les soviets ! ». La différence entre un être sérieusement cuirassé et un autre qui l’est un peu moins, est que le premier va se CRISPER dès qu’il SENT la liberté poindre son nez, tandis que l’autre est (peut-être) capable de lui laisser libre cours. La liberté n’est pas n’importe quoi, ce n’est pas l’anarchie pour le dire comme Neill. La liberté est un commun, pas un individualisme.

Car s’isoler du monde, couper la relation entre le sens et l’interprétation du sens du fait que ce qui est ressenti est insupportable ; et à se cuirasser contre cet insupportable pour le rendre supportable ; revient à se couper d’autrui, en tant qu’intégré à un collectif intégrant. L’environnement comprend autrui, au pluriel, et se séparer sensiblement d’autrui revient à se scinder de l’environnement comme ensemble. On est devenu insensible à la misère, à la pollution, au bruit, à la décrépitude de la nature, ou bien à la détresse affective, au désarroi amoureux, à ce qui fait et donne vie à notre nature d’être vivant. On devient un petit-chef qui doit défendre sa forteresse et pour cela, imposer à autrui ce qu’il se défend à lui-même : son libre est une prison pour autrui et il établit des contrats – des lois – propres à *justifier* cet état des choses, une bu-reau-cra-tie des relations qui le positionne au sommet de ces contrats protecteurs des émotions que lui soulèveraient une relation profonde – égalitaire – avec autrui, avec le monde : le contact de ses sens et du monde. Et l’objet de cette démarche est d’instaurer *la solitude comme institution structurelle de la société*. Le petit-chef est seul, sa malveillance c’est la solitude qu’il impose.

Pourquoi ne pas émettre l’hypothèse qu’il serait possible de nous sortir de ces « miasmes morbides » (Baudelaire) par la détection *sans pitié* de ces petits-chefs ? Parce qu’il serait aussi possible que l’institution de ces anti-petits-chefs permette qu’advienne l’érection débile de petits-chefs d’une sorte différente, mais aussi nocive à la liberté. Dès lors... quelles dispositions adopter pour être suffisamment prudents afin d’éviter cet écueil, cette « minéralisation » de la vie ? Le JEU : un petit-chef, qu’il soit anti ou nanti, ne sait pas jouer avec la vie, il n’a pas confiance en la vie qui passe son cours : il craint sans fin qu’il lui advienne un malheur, celui-là même qu’il provoque en étant petit-chef et cette rigidité est détectable comme un grain de sable dans une salade : ça crisse désagréablement. Encore une fois, mes aminches, c’est une histoire de senti et de ressenti : c’est quand le grain est broyé par les dents qu’il se révèle et que notre mâchoire devient soudainement plus prudente : ce n’est pas agréable.

J’ai déjà, il y a longtemps, détaillé par le menu cette histoire de « petit-chef », de ses indispensables dispositions (qu’il crée de part son existence-même), de ses attributs (particulièrement en relation à cet aspect particulièrement grégaire qu’est le *prestige*) et de ses appendices *sociaux* : le sbire et larbin. Mais, finalement, il ne s’agit que de variations de la cuirasse caractérielle, variations qui se cooptent, se ralient, et s’auto-supportent ou s’auto-justifient, les unes les autres : nous avons affaire à des hères qui ont perdu tout sentiment du profond de leur intégrité et leur intégration SOCIALE, leur corps grégaire, en vue de s’imposer comme *individu* : cette sorte de sujet qui n’a PLUS de division, de correspondance avec le monde vivant, l’environnement.

[à ce point de progression, je veux préciser ceci : la liberté n’est pas l’anarchie, une sorte de bordel structuré par des qui sont « plus égaux que d’autres » (Orwel) : la liberté est une libre expression de la vie INTÉGRÉE à un groupe, de laquelle le (ou son) JEU développe un plaisir SOCIAL. Si je m’adresse ainsi à toi, c’est que je sais que le petit-chef qui demeure en chacun de nous va vouloir se formaliser dans une forme de maltraitance dont il n’aura aucune conscience, alors qu’il pourrait user de son intelligence à des fins collectives. Il en est de ceci comme (par exemple) de la « musique » : est-elle vivante (jouée sur le tas) qu’elle participe au mouvement de la vie qui passe ; tandis qu’artificielle (émanant de hauts-parleurs extra) elle ne représente rien du moment qui passe sinon que de passé et révolu comme solution à une angoisse irrépringible, où cet esprit de petit-chef enjoint SON INTERDIT qu’il impose à ce moment de vécu.
En somme, détecter le petit-chef est facile dès lors que, soi-même on refuse de l’être ou n’escompte pas pouvoir le devenir. Humblement, c’est ICI que se situe la solution de notre problème, et les possibles qui nous permettrons de parvenir à une vie moins bu-reau-cra-ti-que. Mais aussi, il faut tout autant détecter le sbire – élément naturel de la vie qui se retrouve dans cette agressivité face à ce qui lui obstrue son mouvement (genre les *** en 68) ; et le larbin, toujours près à maudiférer (ce mot n’existe pas en français, qui signifierait un mélange de maudit et de légifère) la vie, à la CADRER dans SES cadres – le petit-chef n’y reconnaissant rien – pour se rassurer son impromptue émergence et voir son regard se miroiter dans les yeux de son petit-chef qui lui est totalement indifférent : le petit-chef est lui-même l’indifférence : il n’attend aucun retour autre que sa sublimation ! hahaha !]

Je n’ai (à mon goût) pas suffisamment insisté sur un aspect de ces tristes comportements : *la violence* dont ils sont détenteurs, comme ses tâches la peau du léopard. Tout désir de pouvoir sur autrui ne peut qu’être violent, quelqu’il soit. La violence de la bu-reau-cra-tie se manifeste dans cette froideur glacial (je ne sais plus ce qu’avais écrit Marx à propos des « eaux glaciales du calcul égoïste ») face à l’existence de la vie, en soi. Le petit-chef est absolument indifférent à quoi qui se passe autour de lui qui ne concerne pas son narcissisme en manque de flambée. L’objet du sbire est l’usage de la violence sous couvert, à la fois de son ignorance (qui, rappelons-le, ne doit qu’à elle seule de l’être) et de l’énergie qu’il déploie pour maintenir ce qu’il a préjugé devoir être maintenu en l'État, sans discussion possible, même à l’aide de LBD, de lacrymos ou de tonfa (et, généralement, en réponse au contrat d’allégeance destiné à cet effet, moyennant salaire – oups : ses émoluments) ; et notre gratte-papier, notre comptable, notre députocrate ("à la lanterne !"), notre juge, notre avocat, etc., tout ce petit monde vous prend la tête et vous pourrit la vie, sur la persistance de l’Impôt (taxes, etc.) et la justification de leur existence et de l’existence de ce dont ils justifient leur existence : l’Impôt sur la vie. [je comprends qu’il faille un délibéré qui statut sur les différents entre les gens qui se disputent, mais cela doit s’intégrer dans la vie sociale, par les gens eux-mêmes, qui trouveront adéquatement – à partir d’une organisation dotée de discrimination face à ce pouvoir s’exerçant quand le cadre de ce désir de justice – à répondre à l’équité des exigences particulières.]

Quand cette société est agressive, gueularde, bruyante, puante, dégoutante, polluante, et *violente* dans son propre comportement, ses inventions, les dispositifs qui tentent de trouver une cohérence sans y parvenir jamais, car elle est *spectaculaire* – je veux dire orientée vers la satisfaction de la marchandise, loin de permettre une satisfaction autre que la *circulation* de cette marchandise, qui, comme l’Impôt, trouve sa finitude dans la poubelle de celui qui règle toutes la taxes sur cet objet en *l’achetant* –, quand cette société est violente, elle ne manifeste que ce dont elle est capable : RIEN DE PLUS ! Pour elle, le progrès se situe dans l’outil, la *technologie*. Mais, dites-moi : quand (du temps sans électricité) un ouvrier planait à la varlope, puis le passait au guillaume et au tarrabusquin, le panneau qui allait composer la porte de l’armoire qu’il se destinait à achever... que réalisait-il de MOINS que cet autre ouvrier qui passe sa planche dans la raboteuse et la toupie ? En *bruit*, en temps, en composition de ses gestes et de son habileté, de ses *repos et de ses pauses* (en supposant des relations personnelles satisfaisantes avec ses comparses) cet ouvrier n’a pas moins (bien) vécu le temps qui passe, sinon que de *bruit* et ce bruit ne paraît plus comme une *violence* à l’organisme (il s’en prévient par le port d’un casque) qui le produit, volontairement, de manière déterminée, comme une « facilité » du boulot ! Quel échange !

Cette violence est tant intégrée dans la vie actuelle des gens qu’elle a pu se manifester, dernièrement (et pourtant de pure abstraction improductive), par le port *obligatoire* d’un « masque », ou une auto-autorisation de sortie. Une fois encore, une violence instituée par des bureaucrates assise sur les crainte d’un petit-chef confronté dans son « pouvoir » aux masses contraires (et même petites-bourgeoises), que des sbires décervelés par leur contracture volontaire s’empressent d’exécuter à coups de LBD, lacrymos et tonfa. Ce dont je parle ici, est cette violence de laquelle les gens en sont arrivés à ce point d’accommodation par leur *acceptation* d’ycelle... sans réaction dénégative effective, à part des « manifestations ». Le seul fait de l’existence de la *politique* est une violence sociale.

La question de la violence doit se poser quand elle apparaît, quand ses effets socialement délétères dépassent le droit des gens... puisque dès qu’elle se manifeste, le droit des gens n’existe plus ! Elle demande certes, au moins une discrimination de ses mouvements, mais surtout une dénégation radicale de ses manifestations... parfois même, par la violence, pour la faire taire.

Ainsi, la malveillance est une interrogation complexe (si on veut). Elle est complexe pour quelques raisons, dont, notamment, ce qui la fait émerger, son origine. J’ai tenté de montrer qu’il est possible, avec un peu d’attention, d’en déceler les prémices et d’y pallier en rassurant l’enfant quant à ses angoisses qui ne sont pas toujours fondées, pourvu qu’on soit, soi-même, pour un peu équilibré : qu’on ne veuille pas détenir, soutenir, ou provoquer par sa propre attitude, son propre mouvement, un quelconque *pouvoir sur autrui*. Selon mon sens, ce devrait être là un cheminement propice à nous conduire à la légèreté (abominée par la bu-reau-cra-tie) d’un meilleur vécu pacifique (incompréhensible pour un sbire) (pas précisément) anti-individuel, mais collectif : NOUS.


 

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